Nous savons depuis longtemps que nos connaissances sont fragiles, qu'elles s'inscrivent dans la durée et que la référence aux concepts ne suffit pas à créer la substance de l'histoire. Mais l'histoire commence avec les mots. Notre connaissance du passé commence avec eux. Leur sens est indispensable à la compréhension des faits et des hommes du Moyen-Age, ne serait-ce que parce que certains ont pratiquement disparu de notre langue ou que d'autres ont vu leur signification changer. Qui parle encore de faide ou de colée ? Que signifie pour nous la vengeance, sinon un acte répréhensible et brutal, alors que sa pratique médiévale était cohérente et nécessaire dans une société où le partage de l'honneur était indispensable à la survie morale et sociale ?