Claude-Henri de Saint-Simon

Curieux essai que ce dialogue entre un ancien et un moderne composé par un Saint-Simon agonisant, qui se permet de déclarer hérétique l'ensemble du monde chrétien, pour refonder les bases de la religion, et de la morale sur une forme de proto-socialisme ! Bon, refonder les bases de la religion c'est vite dit, car on voit bien que ce qui intéresse Saint Simon dans le Christianisme, c'est l'universalité de sa morale plutôt que la transcendance.

Ce qui importe en premier lieu à Saint Simon, c'set l'application de la morale chrétienne, qui se résume pour lui dans une seule formule - "tous les hommes doivent se conduire en frères à l'égard des autres" - aux problèmes immanents des hommes - "améliorer la condition physique et morale de la classe la plus pauvre" -, plutôt que la transcendance ou la métaphysique, dont il considère même l'étude comme une faute grave du clergé catholique et protestants, en tant que cette étude va contre l'urgence du redressement de la classe populaire.

Faut-il y voir une anticipation du marxisme ? Pas du tout, on est clairement sur du philanthropisme assez pro-élites, Saint-Simon insistant lui-même pour dire que la seule façon de faire passer le changement souhaité - considérer chaque homme comme sn prochain, améliorer les conditions de la classe la plus pauvre - est de le faire dans l'intérêt des classes dominantes. Donc nous sommes très loin de la dictature du prolétariat du communisme modelé 25 ans plus tard, mais plutôt dans la prolongation des idées des lumières et de la révolution, et leur application au développement de la société industrielle. La grande idée est quand même cette vision du monde égalitaire et presque utilitariste de Saint Simon.

Sur l'argumentation, le "conservateur" est clairement un faire-valoir pour faire passer les idées du "novateur", dont l'argumentation est parfois, entre nous, un peu light pour avancer ses conceptions et déclarer hérétique l'ensemble du clergé de l'époque.

Les œuvres complètes d’Henri Saint-Simon, qui esquissa une société régie par les industriels, les savants, les ouvriers.
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[Un] magnifique travail éditorial qui permet aujourd'hui […] un accès direct à ce continent annonce, sans aucun doute, de nouvelles lectures, voire une reconsidération de cette pensée.
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Ces quatre volumes d'excellente facture rassemblent, avec quelques lettres, l'ensemble des notes, opuscules, manuscrits d'un auteur qui s'est intéressé à la gravitation universelle, aux lois de la finance, à la religion, à l'instruction et - beaucoup - aux industriels.
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