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Citation de Danieljean


Le narrateur, donc, ayant en tête et comme sous la peau la somme bien serrée de tous ses écrits – depuis les tout premiers poèmes vers l’âge de treize ou quatorze ans jusqu’à ce livre qu’il entreprend aujourd’hui de rédiger –, interroge la Loi divine comme mesure unique de son œuvre et de sa vie, avec toujours, en lui, cette vision fantasmagorique d’une existence où l’œuvre écrite tiendrait lieu de vie vécue. Son affaire, assurément, fut bien d’écrire – il n’avait guère d’autre choix – et d’écrire bien : c’était une exigence indissociablement éthique et esthétique. Son souci, son inquiétude, puis, peu à peu, son hébétude face à l’échec de son entreprise, ce fut l’essor puis la déconfiture d’un rêve selon lequel l’homme – l’individu qu’il était, dans l’espace, dans le temps, mêlé aux autres – devait diminuer, s’effacer, s’annihiler quasiment, au profit de l’œuvre, en sorte que le livre, élaboré dans un anonymat, non pas fictif, non pas calculé, mais spirituellement nécessaire, prît tout simplement la place du vivant, couvrant celui-ci de l’ombre entière de ses pages développées. Certes, ce rêve n’est pas complètement abandonné, mais l’évidence de son irréalisation jusqu’à ce jour laisse le narrateur terriblement démuni en face de lui-même. Et c’est pourquoi, comme dans son enfance croyante et pieuse, il interroge les Dix Commandements, scrutant dans le texte son point de faillite et se demandant quel fut son péché pour être, à l’heure qu’il est, tellement exclu de la bonne conscience d’un accomplissement personnel et de la satisfaction d’une reconnaissance par ses pairs.
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