Une ombre suspendue dans la lumière, accrochée dans l’espace comme au bout d’une question : l’inévitable point d’interrogation.
J’entends des enfants pleurer, des cris et des commandements. Je suis parmi ceux qu’on poursuit à coup de crosse, qu’on traîne par les bras et les pieds, et je me retrouve embarqué sur le camion. Il n’y a pas moyen de s’installer tellement il y a de monde, ce n’est pas prévu. Impossible de voir ce qui se passe au-dehors : la grande bâche nous plonge dans le noir. Le tumulte de la rue nous parvient à travers une fenêtre fermée : le bruit des voitures qui démarrent, des motos qui vont et viennent, le grincement des freins et des coups de sifflet. … Cela s’est passé à Nice, place de la gare.Mais pour moi, ça ne s’est pas passé de cette manière. Ils ne m’ont pas eu.