L'idée centrale de ce livre est que nous cherchons tous la "clé" au mauvais endroit. Quelle est la clé de notre libération et de notre plénitude ultime ? Tout au long de ces pages, je l'appellerai "être", bien que l'on pourrait alléguer à juste titre que même ce terme est trop limité et limitatif.
Nous pouvons dire que nous sommes, mais que nous n'avons pas l'expérience d'être, que nous ne savons pas que nous sommes. Au contraire, plus nous investiguons au plus près de ce que nous jugeons être notre expérience, plus nous découvrons en son noyau une carence de sens, un vide et une superficialité, un manque de soi-même ou d'être.
J'aimerais insister sur l'importance de cet aspect du "travail sur soi" qui consiste à reconnaître la vérité sur soi-même et sur sa vie, malgré le mal-être ou la douleur que cela peut engendrer, en d'autres termes : la confession intime. Comme l'on dit dans la tradition chrétienne que la reconnaissance du péché peut être la porte d'entrée vers la contrition, la purification et le salut final, nous pouvons dire, en termes plus contemporains, que quiconque reconnaît pleinement l'état d'esclavage psychologique dans lequel l'enferme les passions, sentira un désir de libération, amplifié par l'intuition d'une liberté spirituelle.
Cette position, répandue chez les thérapeutes, consistant à interdire à leurs patients de se comprendre eux-mêmes, me paraît l'expression d'un autoritarisme implicite, d'une insécurité, et de l'alliance occulte d'un monopole d'experts. Je pense que cette attitude est indéfendable à notre époque, où notre situation collective dépend tellement de la transformation humaine individuelle. Je crois en effet que nous ne pouvons pas nous permettre de laisser sommeiller le potentiel des gens et leur motivation à travailler sur eux-mêmes, dans la mesure où ils en sont capables.
Nous pouvons dire que la psychothérapie assistée est une situation spécialisée qui aide beaucoup dans l'étude de soi-même, mais ce que nous découvrons sur nous-mêmes et la façon dont nous nous en servons ne dépend en fin de compte que de nous-mêmes. C'est pour cela que durant de nombreuses années, j'ai adopté ce que j'appelle une disposition au "travail sur soi-même" et que j'ai même transmis l'idée qu'à notre époque, la psychothérapie devrait être considérée seulement comme une aide complémentaire et pas comme un substitut au fait de s'occuper de soi-même.
Je maintiens ici que l'étude de soi-même est non seulement un complément utile à une psychothérapie dans un contexte professionnel, individuel ou groupal, mais qu'elle peut aussi représenter un important gain de temps, à l'aide de l'information contenue dans ce livre.