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Citation de berni_29


Au petit matin du 11 février 1963, dans le quartier résidentiel de Primrose Hill, Londres, entre les murs d'un appartement situé au premier étage d'une maison, une jeune femme de trente ans, fraîchement séparée de son mari, le poète Ted Hughes, rongée par la solitude, la maladie et le désespoir, se suicide, intoxiquée au gaz, en mettant sa tête dans le four. À l'étage, ses deux jeunes enfants, âgés de un et trois ans, dorment. Ils seront sauvés quelques heures plus tard par une infirmière, dont le passage avait été planifié.
C'est ainsi qu'a eu lieu la fin tragique et prématurée d'une poétesse vibrante de sensibilité, d'humour, d'intelligence et de rage: Sylvia Plath.

Ça, c'est la réalité.

Sylvia Plath est une héroïne romantique. Depuis près de soixante ans, on façonne avec son drame des représentations iconiques et poétiques qui flirtent avec la complaisance morbide, Mais ce n'est pas sa mort qui est romantique. C'est sa force de vie. Sa mort, au contraire, est trivialement réelle. Elle rend une sentence implacable et enferme éternellement la poétesse dans cette ultime image de renoncement. Elle est de cette teinte suffocante que prend l'existence lorsqu'elle succombe absolument à l'injustice. Aucune personne de trente ans ne devrait crever la tête dans le four.

Ce n'est pas un monde acceptable.

Cinq ans plus tôt, en décembre 1958, cette même Sylvia Plath comparait dans son journal l'écriture à un geste religieux : une façon de rejouer le réel et d'amender la relation qu'on entretient avec lui.

Alors j'ai décidé de la prendre au mot. Après tout, à quoi sert la littérature si ce n'est pas à commettre cet acte irrationnel: inventer des réalités alternatives à partir de la matière du monde, donner une voix à celles et ceux qui n'en ont pas, déposer des pansements de mots sur les injustices, habiller d'un corps les fantômes, projeter les souvenirs en Technicolor, déclamer notre amour à celles et ceux qui ne peuvent plus nous entendre.

(Incipit)
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