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Citation de lula00


C'est étrange une femme. C'est quelque chose de radicalement différent. Je ne sais quand j'ai commencé à me dire ça. Peut-être quand je l'ai vue allongée à côté de moi, le premier matin, quand elle dormait et que je ne dormais pas. Je comparais nos corps, nos seins. Je le savais que j'avais pas de hanches, peu de seins, que j'étais plus grande et plus mince que la plupart des filles, mais c'était vague. Je me mettais devant la glace de la piscine pour essayer de comprendre. Peut-être que le crawl avait accentué le dessin des épaules et l'effacement des hanches. Mon corps était exactement ce que j'étais. C'était sous mes yeux depuis toujours cette histoire. Je me comparais avec elle. Je me voyais et je la voyais elle, elle comme toutes les femmes que je n'étais pas. Les épaules, ce qu'il y a de souple, de rond chez elle et chez elles, ce qui ne l'est pas chez moi. Je la mesurais et je me mesurais. Moralement, aussi. Je me disais Une femme c'est quelque chose que je n'imaginais pas. Quelque chose de plus nu, de plus cru que les hommes/ Quelque chose qui toujours au bord de l'obscène. C'est ça que j'ai découvert avec elle. Les hommes sont moins gênants. Pas aussi émouvants peut-être. Mais jamais gênants. Oui, peut-être que ça a commencé le premier jour que je l'ai vue nue. Ou plus tard. Quand je l'ai vue ne rien vouloir me donner. Quand j'ai senti ses mains trop sèches sur moi. Quand je l'ai vue avec ses enfants, qu'elle dévorait doucement, l'esprit tranquille, l'âme en paix. Quand j'ai compris les choses aux êtres, pas même les grandes choses, les petites, les toutes petites choses. Quand j'ai vu qu'elle ne désirait rien du monde. Je me disais C'est ça une femme, c'est une peau très douce, c'est la bêtise, c'est une âme étroite qui n'est pas à la hauteur de la douceur de la peau, ce sont des caresses bâclées, un corps qui ne peut rendre l'hommage qu'on lui rend, un animal qui ne sait rien de l'amour et du désir, qui ne sait rien non plus de la beauté, un être qui n'est jamais grand, un corps bourgeois un peu sale, quelqu'un qui pleure quand il est méchant. Et qu'aimer une femme, c'est la mépriser en même temps. Je comprenais la violence des hommes. Je me demandais si c'était ce qu'ils éprouvent toujours pour nous, si c'était ce que Laurent avait éprouvé pour moi.
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