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EAN : 9782234084186
182 pages
Stock (10/01/2018)
3.16/5   299 notes
Résumé :
"J'ai même pas osé mettre la langue la première fois que j'ai embrassé une fille. C'était après Laurent. Avant je savais mais c'était théorique. J'ai fait un effort pour la deuxième. Je lui ai roulé une vraie pelle. Ça m'avait flattée comme un mec qu'elle soit mannequin. On progressait. J'avais toujours peur, mais moins. Sauf qu'à chaque fois on en était restées là. Ou plutôt elles en étaient restées là avec moi.
Des hétéros qui se posaient vaguement la ques... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
3,16

sur 299 notes
Ne gaspillez pas votre argent. À la limite, empruntez-le, mais ne payez pas les clopes d'une bourge paumée qui vous méprise.
Eh oui, je vais me permettre de parler comme elle. Phrases courtes, mots vulgaires. Je sais bien que sur Babélio on ne parle pas comme ça, parce qu'il n'y a que les pauvres et les tout petits bourgeois, et que ces gens-là s'évertuent à parler bien, à chercher des synonymes, des beaux mots. Inutile pour une Debré, "emmerder" et "faire chier" doivent être ses mots préférés. Avec un vocabulaire aussi pauvre, on ne peut qu'être une bourge. Un auteur lambda n'aurait jamais été publié avec un texte pareil. Et dire que dans le masque et la plume tous ont été favorables à ce livre : à croire que dans ce milieu-là on se tient les coudes. Ils se sont probablement retrouvés dans son mépris.
Elle est glaciale. Oh, pauvre chérie, par ses phrases courtes elle se cache. Elle est désœuvrée ? Veut être une "gouine" ? Et pour ça elle regarde les femmes comme des objets de "cul". de la chair et rien d'autre. Désolé, ça ne marche pas. Espérons que pas toutes les "gouines" vous déshabillent du regard en se léchant les babines dans le métro ? Rassurez-moi ? Non, elle n'est pas "homosexuelle", en fait elle veut simplement être un homme. Point. Comme tout ces richoux, elle invite ses "filles d'amusements" à Venise ou à Rome. Comme ses vieux richou elle se flatte d'être aimée par une fille qui a 15 ans de moins qu'elle. Quand on est riche, on ne compte pas ! Comment ose-t-elle se prétendre Wertherienne quand elle utilise des phrases suivantes pour décrire sa proie : "Je ne suis même pas sûre qu'elle soit spécialement belle. Je n'aime pas son prénom. Je ne le prononce jamais. / J'ai toujours un peu honte d'elle au milieu des autres. / Je suis riche et elle est pauvre. C'est pour ça que je vais gagner. C'est obligatoire. Les riches gagnent toujours." Oui Constance, les riches gagnent toujours, c'est pour ça que moi la pauvre, j'ai acheté ce "putain" de bouquin. Et que maintenant je m'en mords les doigts. J'aimerais surligner chaque phrase qui démontre que le monde qu'elle prétend rejeter, elle y adhère par chaque phrase, chaque attitude. Une rage qui monte. Merci la bourge... ça donne envie de faire une révolution quand on lit : "Les riches gagnent toujours. Et les pauvres crèvent toujours. Ce n'est pas ma faute. Ce n'est pas ma faute si ce sont les riches qui gagnent. Ce n'est pas ma faute si je suis riche. Je suis né comme ça. C'est dans mon ADN tellement c'est ancien. Je suis née de parents riches sans un kopeck. Sans appart." C'est sûr, quand on s'appelle Debré, on n'a pas besoin d'argent, parce que le nom suffit, ni d'appart. "Techniquement à la rue, mais ontologiquement pété de thunes. On n'a pas besoin d'argent quand on est riche. On n'a besoin de rien quand on est riche. C'est une question de honte qu'on n'a jamais. Les pauvres ont bien raison de nous haïr." Et en plus, elle s'y complaît.
PS: Bravo Yann Moix, qui enfin à oser dire la vérité dans l'émission "On n'est pas couché" : mal écrit, inintéressant, ennuyeux. (Curieusement les commentaires en-dessous de cette vidéo sur YouTube ont été désactivé...) Eh oui, on sait qui tient les manettes.
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Bien.
J'ai un vrai problème avec ce livre que j'ai lu très tôt, en décembre, bien avant que fleurissent dans les quotidiens et les hebdos des pleines pages d'interviews de Constance Debré et autres chroniques.
Restons sur ma lecture pour commencer.
Une femme raconte, dans une langue volontairement crue, directe et je dirais même vulgaire ses expériences sexuelles, celles d'une femme qui s'est rendue compte très tôt de son attirance pour le genre féminin, et qui se comporte comme un homme. Enfin comme un play-boy ou un goujat plutôt.
Pourquoi pas ? le problème c'est que ça n'a à mes yeux aucun intérêt littéraire et aucun intérêt tout court vu le traitement qu'en fait l'auteur (l'auteur ?).
Le seul intérêt réside dans la biographie de la dame, issue de la famille Debré et du fait qu'elle utilise ce roman (roman ?) pour régler ses comptes dans un style qui se veut "shocking", du style à décoiffer la bourgeoise...
Si on lit sans savoir qui elle est, on repose le truc en se demandant si c'est une blague... En tout cas, c'est l'effet que ça m'a fait... j'ai pensé à tous ces manuscrits que des auteurs envoient avec espoir dans des maisons d'édition et qui sont vaguement survolés, parfois même pas lus... et je me suis dit qu'il y a quand même des trucs qui ne tournent pas très rond.
Alors certains ne seront pas de mon avis. Peut-être prendront-ils plaisir à cette lecture ou trouveront-ils "époustouflant" cette façon de mettre les pieds dans le plat... Chacun ses goûts. Moi je persiste à attendre autre chose d'un livre.
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Ce livre j'en avais vu des critiques dans la presse. Il me tentait vraiment, tant il semblait assez étonnant. Et puis il y a eu la vidéo de Moix, chez Ruquier, que Babelio a posté. Il a bien cassé le livre cet auteur que je n'arrive pas à lire, j'y ai cru et j'ai oublié l'idée de l'acheter ce bouquin.
Hier il était sur le présentoir de la bibliothèque. Je n'ai pas vraiment hésité... Et là je dois dire que Yann Moix a vraiment dit n'importe quoi. "livre scatologique, de la "merde( sic) à chaque page, 3 gros mots par phrase" Il a réussi à nous sortir une phrase avec le mot étron, mais c'est la seule du livre !!
Et le livre alors? Et bien malgré les critique négatives que je viens de lire, j'ai beaucoup aimé ce livre. Il n'est pas médiocre, il est peut-être un peu cru... mais on lit pire tout de même. Je ne me suis pas attachée à ses amours homosexuelles, même si ce qu'elle dit est souvent assez beau... Mais plutôt à l'ensemble du livre.
Après on sent qu'elle provoque. Trois phrases pour faire tiquer le lecteur. Ensuite il y a cette famille Debré. Elle casse un peu. On sent qu'elle a morflé Constance, sa mère lui a manqué. Son père - vieux camé - l'agace vraiment par ses manières...
Auto-dérision, souffrance...Elle met beaucoup dans ce livre
" Il faut avouer que le timing était bon, avec mon fils que je ne voyais toujours pas, j'avais une bouche de moins à nourrir. Les dieux sont bien organisés".
Elle m'a touchée Constance Debré, je pense qu'il ne faut pas cracher sur son livre parce que c'est une fille de...
Un livre courageux, intime et assez jubilatoire. Elle dit beaucoup dans d'une écriture directe. Mais elle écrit bien et raconte encore mieux. Pas de quoi mettre ce livre où voulait le mettre Yann Moix sans doute !!
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C'est annoncé comme l'un des événements-phares de la rentrée littéraire de janvier 2018 du côté de chez Stock. La parution du premier roman (?) de Constance Debré, Play boy. La digne (?) héritière de la lignée Debré croit beaucoup en ce roman, il suffit d'en juger par l'écumage des différentes presses et l'affrontement tout de même courageux du duo Moix-Angot sur le plateau d'On n'est pas couché, en ayant même obtenu l'adhésion de l'une mais pas de l'un. Lettres it be est aussi parti à la découverte de ce Play boy et vous en dit quelques mots.


# La bande-annonce


"J'ai même pas osé mettre la langue la première fois que j'ai embrassé une fille. C'était après Laurent. Avant je savais mais c'était théorique. J'ai fait un effort pour la deuxième. Je lui ai roulé une vraie pelle. Ça m'avait flattée comme un mec qu'elle soit mannequin. On progressait. J'avais toujours peur, mais moins. Sauf qu'à chaque fois on en était restées là. Ou plutôt elles en étaient restées là avec moi.
Des hétéros qui se posaient vaguement la question et qui avaient calé. Des filles plus jeunes que moi, mais des filles comme moi".


# L'avis de Lettres it be


« L'huissier est beau, il est pédé, en plus il est arabe. Ca change des cotorep habituels. Il me fait passer avant les autres. Je plaide. Trafic de shit. Faut voir les dealers. Faut voir le trafic. Je plaide doucement. Je m'approche encore. Je ne plaide pas je raconte. Je raconte ce qu'ils veulent entendre. le bon garçon. le bon lycée. La bonne famille. Même la proc ne demande que du sursis. Ca mouille pour la bourgeoisie, un juge. C'est comme ça que j'ai connu Agnès. En défendant son fils. Bien sûr il est sorti. Un bourgeois, ça ne fait pas de taule. »


Il suffit de quelques pages à peine pour tomber sur les mots ci-dessus, ces mêmes mots qui ouvriraient presque le roman. le ton est donné. Les 190 pages qui arrivent seront le lieu idéal pour retrouver une langue hachée, forte, casse-gueule. Dans tous les sens du terme. Pourquoi pas, après tout. Mais le problème s'impose très vite au lecteur : il s'agit là de l'argument principal d'un livre. Tout le reste n'est que tout-à-l'égo, règlement de compte familial qui n'intéresse que rarement au-delà de cette même cellule, réflexions hasardeuses sur la sexualité etc. Immersion.



Comme bien des aspirants écrivains, Constance Debré se sent l'absolue nécessité de raconter son « moi », de faire l'étalage sur papier de tout son être, dans les grandes largeurs. Parce que, comprenez, tout devient motif à cela : une réorientation sexuelle, la filiation d'avec une famille célèbre dans l'Histoire de l'Hexagone, l'envie de parler de soi, de cracher dans la soupe qu'on ravalera tiède plus tard … Vous ne saviez même pas que cela vous intéressait, mais en fait si. Tout le monde aspire à percer les mystères de la difficile existence d'une fille, petite-fille, arrière petite-fille Debré. Debré ou force, comme on dit.


Constance Debré arrive armée de l'argument du roman et brocardée de la volonté de vider un bidon d'acide sur sa lignée. Ici, l'aspect romancé ne sert bientôt plus qu'à masquer le refus de l'assumé, juste histoire de laisser planer sur ses pages le doute de la fiction et de l'invention. Ce serait bête de trop se mouiller.


Ici, la découverte de l'homosexualité de l'auteure est prétexte à un récit de ses pulsions masculines, trop masculines. En se découvrant à nouveau lesbienne après un premier passage rencontré dans l'enfance, le personnage principal-Constance Debré narre son rapport au nouvel objet de son appétit sexuel. Appétit qui devient celui, forcément exagéré et primaire, d'un homme. Morceaux choisis.

« Un corps de femme c'est fait pour y mettre la main, la bouche, une femme c'est fait pour être baisée. Des seins c'est fait pour être touchés, un cul c'est pour venir s'y caler, une chatte pour y plonger la gueule, pour en sentir l'odeur, y glisser la langue, les doigts, en sucer le goût, ce putain de goût si doux. Il n'y a pas un homme qui puisse rivaliser avec ça. Je comprends ceux qui vont aux putes. Je comprends même les violeurs. »
« Que voudrait-elle exactement ? Ma langue dans son cul ? Que je lui pince les seins ? Je lui parle du ciel. »


Si cela était encore nécessaire, Constance Debré démontre qu'il ne suffit pas d'écrire jusqu'à plus soif les mots « bite », « chatte » et « cul » pour écrire bien. le stupre, même par vague entière, n'est que trop souvent de l'épate-bourgeois(e), surtout lorsqu'il s'agit du seul et unique argument sur lequel repose un livre tout entier. Arrêtons-nous quand même sur cette phrase qui clôt le paragraphe évoqué : « Je comprends même les violeurs », et imaginons cela sous la plume d'un auteur masculin et/ou de n'importe quel(le) auteur(e) non-doué d'un tel patronyme. Juste imaginez cela.


A noter que Constance Debré a publié Un peu là beaucoup ailleurs aux Editions du Rocher en 2004 mais aussi Manuel pratique de l'idéal. Abécédaire de survie en 2007, toujours aux mêmes éditions. Que nenni ! Play boy est son premier roman selon son nouvel éditeur, et d'après l'intéressée. Comprenez bien : après deux tentatives dûment ratées, il devient nécessaire d'effacer l'ardoise et recommencer. Constance Debré ou l'auteure aux 3 premiers romans.


Interlude. Pour le plaisir, l'expression d'une considération sociétale et l'explication des rouages d'une lutte des classes moderne par Constance Debré.
« Je suis riche et elle est pauvre. C'est pour ça que je vais gagner. C'est obligatoire. Les riches gagnent toujours. Et les pauvres crèvent toujours. Ce n'est pas ma faute. Ce n'est pas ma faute si ce sont les riches qui gagnent. Ce n'est pas ma faute si je suis riche. Je suis née comme ça. C'est dans mon ADN tellement c'est ancien. »


Quand le mal-écrire devient prétexte à un roman-choc, on ne sait plus où donner de l'esprit : sommes-nous dans un hebdomadaire farci d'images visant à susciter l'émoi au risque de la perte d'intérêt, ou bien dans un premier roman ayant pour ambition d'insérer son auteure dans un avenir de plume assuré ?
La bo-bourgeoisie assumée et le dandysme brillamment pédant d'un Beigbeder dans sa bonne période, des phrases brèves et taillées au couteau façon Céline, un langage bien au-dessous de la ceinture à la Bukowski, la gêne qui s'empare du lecteur à chaque lecture d'un coït comme chez Nabokov, la ferme volonté de renvoyer tous les pendants d'une société dos à dos à la manière d'un Bret Easton EllisConstance Debré propose un bréviaire de tout ce qui a pu se faire de (très) bien avant elle et réussit même le pari d'offrir une bien pâle parodie de tout cela. C'est un piètre footballeur qui jouerait avec les chaussures de Zidane, c'est un atroce violoniste qui souhaiterait user d'un Stradivarius.

Le reste de la chronique sur le blog de Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Il y a l'ordre des choses, l'ordre des mots, l'ordre des livres. le premier n'a de valeur qu'au regard du désordre nécessaire qu'il impose et de sa belle intelligence qui nous grandit, le second n'a réellement de valeur qu'à la hauteur de la jouissance littéraire qu' il produit, quant au troisième, il relève, quant à lui , que d'un simple désir pulsionnel et personnel de lecture.
Après « love me tender » ( 2020) , après «  Manuel pratique de l'idéal : (Abécédaire de survie) » (2007), j'entreprends la relecture de Play Boy ( 2018) . J'aime les inconstances de mes ordres non établis….
Voilà donc trois ordres en ce livre, ici, merveilleusement bien servis.
Play Boy fait désordre sans pour autant l'être. Et c'est heureux. C'est rythmé, cadencé, jamais chaloupé. Drôle, incisif, mordant, vrai, cru , jamais cruel, frappant, jamais violent. Jamais hors cadre, ni hors temps, toujours intense, ça trace, ça marque comme des empreintes sur votre route.
« action simple, soutenue de la violence des passions, de la beauté des sentiments et de l'élégance de l'expression » déclare Racine. Il est effectivement des tragédies. Roman autobiographique, soit, mais avant tout roman d'apprentissage, récit d'une fulgurante traversée.
"Un peu là beaucoup ailleurs » (2004), le premier roman de Constance Debré sera, prochainement, ma quatrième lecture choisie….Je sais ...ce n'est pas dans l'ordre….

Astrid Shriqui Garain
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critiques presse (3)
Telerama
03 février 2023
À 45 ans, l'avocate pénaliste a fait son coming out et s'est lancée dans l'écriture. De Play Boy à Nom, Constance Debré n'a eu de cesse de retracer son parcours. Avec Offenses, elle abandonne l'autofiction et confirme son talent d'écrivaine.
Lire la critique sur le site : Telerama
Bibliobs
31 mai 2018
Dans «Play boy», l'avocate pénaliste de 46 ans raconte ses débuts tardifs dans la vie lesbienne, passé la quarantaine. Un récit d'apprentissage autant que d'émancipation qui, par son côté cru, a des allures de bras d'honneur à sa famille et aux codes bourgeois.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Bibliobs
17 janvier 2018
Dans la très gaulliste famille Debré, elle détonne: à 45 ans, cette brillante avocate publie "Play boy", récit cru sur ses amours homosexuelles.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
On m’appelle maître, pas madame. Je fais un métier d’homme où on porte une robe. Il y a même une sorte de cravate bien phallique qu’on appelle un rabat et que je tripote pendant les audiences. D’habitude les femmes portent mal la robe. Elles sont trop petites. Moi pas. Et puis c’est beau le noir. Avec le blanc du rabat ça fait grand d’Espagne. J’ai même droit au rang d’hermine à l’épitoge. En vrai c’est du lapin. Mais ça fait riche quand même. C’est un boulot qui me va. Personne ne voit mes jeans crades sous ma robe, personne ne se demande où je suis quand je ne suis pas au cabinet, personne ne me conteste quand je plaide, personne ne surveille ce que je fais, ce que je pense, ce que je raconte. J’aime les coupables, les pédophiles, les voleurs, les violeurs, les braqueurs, les assassins. Ce sont les innocents et le victimes que je ne sais pas défendre. C’est pas qu’ils soient coupables qui me fascine, c’est de voir à quel point ça peut être minable un homme. Minable en silence. Minable sans broncher. Il faut un courage spécial pour tomber.
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C'est étrange une femme. C'est quelque chose de radicalement différent. Je ne sais quand j'ai commencé à me dire ça. Peut-être quand je l'ai vue allongée à côté de moi, le premier matin, quand elle dormait et que je ne dormais pas. Je comparais nos corps, nos seins. Je le savais que j'avais pas de hanches, peu de seins, que j'étais plus grande et plus mince que la plupart des filles, mais c'était vague. Je me mettais devant la glace de la piscine pour essayer de comprendre. Peut-être que le crawl avait accentué le dessin des épaules et l'effacement des hanches. Mon corps était exactement ce que j'étais. C'était sous mes yeux depuis toujours cette histoire. Je me comparais avec elle. Je me voyais et je la voyais elle, elle comme toutes les femmes que je n'étais pas. Les épaules, ce qu'il y a de souple, de rond chez elle et chez elles, ce qui ne l'est pas chez moi. Je la mesurais et je me mesurais. Moralement, aussi. Je me disais Une femme c'est quelque chose que je n'imaginais pas. Quelque chose de plus nu, de plus cru que les hommes/ Quelque chose qui toujours au bord de l'obscène. C'est ça que j'ai découvert avec elle. Les hommes sont moins gênants. Pas aussi émouvants peut-être. Mais jamais gênants. Oui, peut-être que ça a commencé le premier jour que je l'ai vue nue. Ou plus tard. Quand je l'ai vue ne rien vouloir me donner. Quand j'ai senti ses mains trop sèches sur moi. Quand je l'ai vue avec ses enfants, qu'elle dévorait doucement, l'esprit tranquille, l'âme en paix. Quand j'ai compris les choses aux êtres, pas même les grandes choses, les petites, les toutes petites choses. Quand j'ai vu qu'elle ne désirait rien du monde. Je me disais C'est ça une femme, c'est une peau très douce, c'est la bêtise, c'est une âme étroite qui n'est pas à la hauteur de la douceur de la peau, ce sont des caresses bâclées, un corps qui ne peut rendre l'hommage qu'on lui rend, un animal qui ne sait rien de l'amour et du désir, qui ne sait rien non plus de la beauté, un être qui n'est jamais grand, un corps bourgeois un peu sale, quelqu'un qui pleure quand il est méchant. Et qu'aimer une femme, c'est la mépriser en même temps. Je comprenais la violence des hommes. Je me demandais si c'était ce qu'ils éprouvent toujours pour nous, si c'était ce que Laurent avait éprouvé pour moi.
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C’est la base de la vie de couple de s’emmerder. La vie de couple ou la vie tout court. On était compatibles sur ce point, Laurent et moi. Il fume. C’était son activité principale. Son rapport au monde le plus fondamental. C’est pas si bête. C’est avant la naissance de notre fils qu’on a pu profiter vraiment à fond de cet ennui à deux, de cette vie où on portait les mêmes jeans et où je lui piquais ses chemises. Il y avait ça, un truc comme ça entre nous. On faisait la même taille, on s’habillait pareil et on se faisait chier pareil. Bonne base. Quinze ans comme ça. Ni bien ni mal. Tranquille. À l’abri des bombes. La baise et l’amour c’est accessoire dans ces histoires-là.
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Ca aurait été plus simple avec un homme. On se serait embrassés, on aurait couché ensemble, on aurait essayé. D'une façon ou d'une autre on aurait su à quoi s'en tenir. Il n'y aurait pas eu tous ces mois à se sourire et à ne pas oser. C'est plus facile avec eux. On leur envoie des signes et on leur laisse le soin du geste. On leur laisse la question du courage. Je ne sais pas quand j'ai compris que ce serait à moi de m'y coller. Ca me faisait peur. Ca me plaisait aussi. J'aimais bien l'idée d'être le garçon de l'histoire.
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Je me demande ce qu'elle fout là, d'ailleurs, Fanny dans toute cette histoire, avec nous. Comment elle en est venue à s'occuper de lui, à l'aimer en fait. Je pense à notre drôle d'attelage tous les trois. La lesbienne, le vieux tox et la petite dame. Mais tout est normal à Sainte-Anne, toujours.
(p 163)
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Vidéo de Constance Debré
Constance Debre vous présente son ouvrage "Offense" aux éditions Flammarion. Entretien avec Sylvain Arrestier.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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