Roman - Coralie Caujolle présente chez Babelio son premier roman, Monsieur Edgar et les impatients - Éd. Eyrolles
Son cynisme et la vie dans ce petit village où chaque acte était en observation, disséqué, rapporté, interprété, lui avaient fait oublier qu’il existait des êtres simples et sans calcul, des personnes comme Frank qui n’aspiraient qu’à cheminer dans la vie sans se soucier du regard des autres et, surtout, sans malice.
Malgré la maigre épaisseur des murs, mon petit appartement m'offrait une forme de protection contre mes cinglés de voisins. S'aventurer dans les parties communes, en revanche, s'apparentait à une mission en terrain hostile, ou à un épisode de Koh-Lanta, dans lequel je serais seul face à la tribu des dégénérés réunifiés.
Tante Agatha était une sorte de MacGyver de la vie. Jamais un problème sans une solution.
Le conseiller municipal se sentait comme Batman, marchant dans les rues de Gotham City après avoir remis le monde à l’endroit. Puis Batman se prit les pieds dans un des embouts de l’arrosage automatique et manqua s’étaler de tout son long. […] Les rires des Germinal et de leurs locataires ne suffirent pas à entacher sa résolution vengeresse. Il ferait la lumière sur la mort de Gaston. Mais il la ferait en plein jour ; cela serait moins risqué pour ses dents de devant.
Alors c'était cela vieillir? Redevenir un enfant, s'amuser et oser crier, rire, sauter sans ce soucier des regards? Serait-ce comme retrouver un ami, perdu de vue depuis longtemps, et s'apercevoir en discutant que la complicité d'antan est toujours la même? Considérée sous cet angle la vieillesse paraissait séduisante.
Pourtant, lorsque je n'écris pas, j'écris. Chaque tableau admiré, chaque arbre croisé, chaque personnage rencontré au gré d'une lecture, chaque conversation épiée à la volée dans un bus ou une file d'attente, le rire d'un enfant, le regard affole d'une personne âgée, l'exaspération d'une caissière, ne sert qu'à nourrir les futures phrases que j'écrirai.
Avant de publier un livre, la plupart des auteurs en ont écrit plusieurs, que personne n'a lus ou dont personne n'a voulu ! Si vous saviez le nombre de textes et de brouillons qui dorment dans mon ordinateur !
Je pense que les gens n’envahissent que l’espace que nous leur autorisons
Monsieur Edgard, à mon âge, la folie c'est tout ce qu'il reste !
Lors de la rédaction de mes précédents tomes, j'étais parcouru par une sorte de frisson dès que je m'installais devant l'ordinateur et commençais à écrire. Certaines phrases s'entrechoquaient dans ma tête avec une telle urgence que j'avais l'impression que mes doigts tapaient trop lentement pour suivre le fil de mes pensées. Je n'écrivais pas des essais ou des pamphlets qui changeraient le monde, mais l'acte d'écrire me paraissait alors nécessaire, vital.