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3.68/5 (sur 22 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Pont-de-Beauvoisin, Isère , le 04/04/1962
Biographie :

Corine Pourtau est une écrivaine française.

Après des études de lettres en Hypokhâgne et Khâgne au lycée du Parc à Lyon puis à l’Université Lyon II, elle obtient son CAPES de lettres modernes et enseigne le français dans le secondaire durant une douzaine d’années.

Elle quitte progressivement l’enseignement pour l’écriture, activité à laquelle elle se consacre depuis 2000, année de ses premières publications de nouvelles en revues. En 2001, paraît son premier ouvrage pour la jeunesse.

Corinne Pourtau réside à Paris et en Bourgogne.

page Facebook : https://www.facebook.com/corine.pourtau.autrice/

Source : http://www.m-e-l.fr
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Elle l’imaginait dans sa vie d’errant, seul ou accompagné de déracinés volontaires comme lui. Ses modèles étaient les jeunes gens qu’elle croisait en ville ou qu’elle apercevait sur des terrains vagues depuis les vitres de sa voiture quand elle roulait sur le périphérique ; ces petits poucets pétris de rebelle solitude qui s’entouraient de gros chiens la bave à la gueule pour se rassurer bien plus que pour provoquer les passants. Elle le voyait dans la crasse et le froid, affamé, ivre au milieu des autres, dormant sur le bitume. Les filles. Les seringues qui circulent. Les moments d’hébétude. Au début, la nuit, elle l’entendait qui pleurait et l’appelait. De sa voix d’autrefois, sa voix d’enfant craintif, dont le filet tremblant traversait le noir de la chambre porté par l’espoir de sa présence miraculeuse. Elle se réveillait en sursaut, parfois même sortait de son lit et ne s’arrêtait que dans le couloir. Toutes ces années, elle avait pensé à lui comme à un petit garçon qui pleurait la nuit et qu’elle ne pouvait plus consoler. Jamais elle ne l’avait envisagé heureux. (« Valse lente »)
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Il avait quinze ans et demi la première fois qu’il avait fugué. Un tremblement de terre. Un tsunami. Le ciel qui lui tombait sur la tête. Le sol qui s’ouvrait sous ses pieds et l’engloutissait toute, la broyait en se refermant, lui brisait les os un à un, pulvérisait ses viscères. Soixante-sept heures de pure terreur, à tout imaginer, à lutter contre des visions sanglantes de corps fracassé par le pare-chocs d’une voiture, de corps tabassé dans un sous-sol, d’errance hagarde sur le bord d’une route. Et puis la honte ensuite, quand elle avait su. Le puits sans fond de la honte. Ni accident, ni séquestration, ni amnésie. Fugue. Et la question du pourquoi qui butte sur le bord des lèvres. Un garçon qui avait été si désiré... Tant aimé… Une enfance sans problème. Et pour elle, un parcours de mère zéro faute.
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Très tôt, sans qu’elle s’explique pourquoi, il avait eu peur du noir. Quand la nuit tombait, il devenait nerveux. S’ils étaient à l’extérieur tous les deux, il la pressait de rentrer, l’entraînait en courant presque à proximité des zones de lumière, des magasins tout éclairés, des grandes avenues inondées de la clarté des lampadaires. S’ils étaient chez eux, il s’éloignait des fenêtres, jetant à intervalles réguliers à travers les vitres des coups d’œil pleins de malaise comme si de terrifiantes créatures menaçaient de traverser le verre pour se ruer sur lui, le manger ou l’emporter au fond de leur tanière, comme dans ces contes absurdes qu’elle refusait de lui lire, mais qu’il avait dû trouver quand même ailleurs, à l’école peut-être.
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C’est une ancienne voisine avec qui elle garde de loin en loin le contact qui l’a avertie. Un jeune homme, planté quai Jean-Moulin depuis une huitaine et qu’elle croise tous les soirs ou presque vers 19 heures, en allant faire ses ménages. Une fois ou deux, elle l’a revu en rentrant, vers 22 heures. Elle pense l’avoir reconnu, mais comment en être certaine ? Il a tellement changé, si c’est vraiment lui. Amaigri, les traits fatigués. Et toujours seul. Toujours l’air d’attendre, à la même place, devant la même entrée. Elle ne pouvait pas se taire, n’est-ce pas, mais elle ne voudrait pas non plus lui donner de faux espoirs. Quelques années de plus, à ces âges, ça fait une telle différence…
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Elle s’est garée près du lycée Ampère et le flot de la circulation secoue sa petite voiture plus sûrement que les rafales de vent. Elle ne se souvient plus à quand remonte la dernière fois qu’elle est venue dans ce coin des quais du Rhône la nuit. Pas depuis qu’elle n’habite plus Lyon en tout cas. La brume s’élève du fleuve en nappes irrégulières qui débordent sur la chaussée, s’effilochent, se détissent, floutant de guenilles duveteuses les contours de la Passerelle du Collège plus loin devant elle. Oui, pas depuis qu’ils prenaient ensemble la passerelle en direction du 6e arrondissement pour rentrer chez eux à pied les soirs d’été, au sortir du CNP Terreaux.
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Autour d’elle, l’agitation d’une fin de journée ordinaire… Les gens se pressent. Bottes, écharpes, chapeaux, manteaux serrés autour de corps invisibles. S’anime le ruban des véhicules qu’on verrouille et déverrouille, s’allument les phares, résonnent les bips, les coups de Klaxon impatients pour forcer le passage. Et à l’entrée du bâtiment, immobile, cette silhouette rencognée dans son blouson trop fin pour la saison et qu’elle ne quitte pas des yeux, cette blondeur qui se pare de tonalités maladives – joues enfiévrées ou lividité souffreteuse – au gré du néon. C’est bien lui, pourtant, elle ne se trompe pas.
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S’écraser morte au pied du mur.
Elle s’était pourtant rétablie d’une torsion, instinctivement, d’une sorte de salto avant, le crâne et la peau du dos râpés par le crépi, et elle avait atterri sur ses pieds. Pour la première fois de sa vie, elle avait béni son gabarit minuscule, ses hanches étroites et sa poitrine plate. Eux, bien sûr, n’avaient pas imaginé que l’une d’entre elles pourrait y passer, par cette lucarne de maison de poupées…
La nuit l’avait enveloppée et elle s’était sauvée aussi vite qu’elle avait pu, à l’aveuglette, les mains en avant pour se protéger d’invisibles obstacles, comme ces enfants poursuivis par Baba Yaga, dans les contes de son enfance. Son cœur cognait dans sa poitrine comme un petit singe emprisonné qui se jette en glapissant contre les barreaux de sa cage ; l’air froid lui brûlait la gorge ; des larmes coulaient toutes seules, froides et tranchantes… Des éclats de verre sur ses joues…
Elle n’avait pas couru très longtemps. Quoi faire dans le noir ? Dans quelle direction aller ? Comment se repérer, avec ces arbres denses, ces ornières où elle s’enfonçait, cette pourriture de feuilles mortes gorgées d’eau sur laquelle elle ne cessait de glisser ? Les yeux agrandis de terreur, elle imaginait des ruptures de pentes, des précipices où elle tombait, déchirée par les angles aigus des pierres, et où elle agonisait longtemps, sans personne pour venir à son secours. (« Pas de deux »)
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Elle s’est inventé mille scénarios en trois jours et deux nuits, cinquante-neuf heures exactement. Elle a imaginé mille fois les dialogues. Et tous les mouvements de la caméra. Les travellings, les gros plans sur leurs regards. Les ralentis, mille fois aussi… Et pourtant, alors qu’il est là, elle reste dans sa voiture, incapable de s’extraire de derrière le volant. Terrifiée à l’idée qu’il disparaisse encore, les yeux fixés sur lui comme si cela pouvait suffire à le clouer devant cette porte, à le statufier.
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C’est que des « J’ai cru le voir » et des corps gonflés d’eau repêchés au pied des piles de ponts, il y en a déjà eu tant ! L’atroce soulagement, à chaque fois, de se dire qu’on va avoir enfin une certitude ; puis le démenti : « Non, ce n’est pas lui », l’autre soulagement alors et l’attente qui recommence. Trois jours et deux nuits qu’elle guette, avec la vue qui se brouille à force de fixer la même portion du quai. La même porte. Trois jours et deux nuits, et c’est ce soir seulement qu’elle le voit.
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La première fois qu’il avait disparu, elle aurait aimé que les mots « folle de douleur » soient bien plus qu’une hyperbole. Folle, véritablement folle, au moins aurait-elle perdu la notion du temps qui s’égrène. Elle se serait laissée glisser dans une forme de catalepsie, un entre-deux de la conscience, comme lorsqu’on fait la planche sur les vagues, les bras en croix, qu’on ne sent plus rien que la brûlure du soleil sur la figure et que l’eau clapote aux oreilles, brouillant les repères.
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