Au cours d’une garden party, nous sommes tombées amoureuses simultanément, elle d’un séduisant fils de planteur et moi d’un diplomate plus âgé, très érudit et charmant, tous deux en partance pour les Indes. Les demandes en mariage ont rapidement suivi. Bien sûr, nos parents furent catastrophés et nous mirent en garde, arguant que là-bas, les hommes de notre condition étant trois fois plus nombreux que les femmes, cette précipitation n’était pas un gage d’amour. On nous prédit le mal du pays et toutes sortes de maladies épouvantables. Mais nous avons tenu bon. À l’époque, Clarisse et moi nous voulions anticonformistes mais, au fond, nous n’étions que d’indécrottables romantiques piquées d’exotisme.