Un soir, environ six jours après être revenue de la maternité où je l’ai récupérée, elle se jette sur moi dans un déferlement de violence, une lueur de tueur dans le regard. Je n’ai que le temps de me mettre en boule sur moi-même afin de prendre le moins de coups possible. Elle me piétine avec ses talons hauts, car bien sûr, madame a prévu son attaque, en enfilant ses chaussures juste avant. Je n’avais d’ailleurs pas compris pourquoi. Comme si ça ne suffit, elle me lacère le bras avec un couteau à steak avant de m’écraser sa cigarette fumante qu’elle vient de récupérer dans le cendrier. Elle me frappe comme plâtre, j’ai l’impression de ne plus pouvoir bouger un seul membre qui compose mon corps meurtri. Malgré moi, des larmes coulent le long de mes joues. Elle semble satisfaite.
Quel spectacle désolant! MA femme est affalée dans le canapé balbutiant des insanités autant à ses parents, à nos enfants, qu'à moi-même qu'elle n'a pas revu depuis plus de six mois. Je vois bien sa déchéance. Qu'est-ce que je peux faire? Je l'ai tirée vers le haut depuis tellement d'années qu'à présent, je n'ai plus la force de l'aider. Emotionnellement, je risque de sombrer. Je sais pertinemment qu'au plus profond d'elle-même, c'est ce qu'elle désire. Mourir à cause de tout ce qu'elle me fait subir, à cause d'elle, sous les coups d'une telle violence qu'elle distribue? Certainement pas!
C’est comme si un prodrome s’était emparé d’elle, malgré toute la résistance que je mettais à me débarrasser de ces tumeurs psychologiques que m’a femme a greffé sur mon être tout entier et mon cerveau.
Alors que je viens tout juste de rentrer du Liban, où j’aurais pu mourir tous les jours, c’est en France que je risque de décéder des coups portés par ma femme avec une telle rage que j’ai peur d’elle, même si elle paraît vulnérable en cet instant.