Là bas, c'était discipline et solide instruction. Mais lorsque mon frère fut récupéré par mon père pour partir en mer, je quittai le pensionnat de Tregunc.
J'avais alors neuf ou dix ans, et mon frère était sur le point de passer son certificat d'études. Il avait de bonnes notes et figurait au tableau d'honneur. Mais mon père avait besoin d'un mousse.
- Mais il va passer son certificat d'études dans quinze jours fit remarquer le directeur.
- C'est pas ça qui lui donnera à manger. Le taxi attend.
Le football des années 1950-1960, c'était du point de vue d'un gamin, la poursuite du débat politique sur le gazon.
Et voilà les fameuses Trente Glorieuses qui affirment leur toute-puissance, en sapant progressivement les fragiles relations de voisinage entretenues depuis des générations. Sans nous en apercevoir, peu à peu les contacts entre voisins s'étiolent, de désagrègent. Qu'il s'agisse de la voix du poste de radio, du tourne-disque ou de la télévision, ces invités font masse dans les maisons, s'imposent comme un sympathique nouveau venu qui ouvre des portes sur le monde, comme aujourd'hui Internet, les téléphones portables. On ne mesurait pas les risques et les conséquences sur la société face à ce flot de bonheur qui nous tombait dans les mains. Il fallait vraiment avoir la volonté d'Ulysse pour ne pas succomber aux sirènes du progrès.
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Un surnom n'a jamais été péjoratif et il reflète une qualité affectée à la personne.