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Citation de rkhettaoui


Il n’arrive pas à dormir. L’étrange pressentiment que Mandy et DJ sont morts s’est incrusté dans son esprit, et il frotte ses pieds l’un contre l’autre sous les couvertures en essayant de trouver une position confortable. Il entend le doux cliquetis de la vieille machine à écrire électrique – Karen termine son mémoire, les mots sortent en rafales, ça lui évoque le langage des insectes. Il ferme les yeux et fait semblant de dormir quand elle finit par venir se coucher, mais son esprit fourmille de petites images : son ex-femme et son fils, vision soudaine de photos qu’il ne possède pas, qu’il n’a pas gardées. Ils sont morts, dit très distinctement dans sa tête une voix ferme. Il y a eu un incendie. Et ils ont péri brûlés. Ce n’est pas tout à fait sa propre voix qui lui parle, et brusquement il se représente la maison en flammes. C’est un mobile home, quelque part à la périphérie d’une petite ville, et une fumée noire s’échappe par la porte ouverte. Le cadre en plastique des fenêtres s’est déformé et a commencé à fondre, et la fumée s’élève en tourbillons dans le ciel, ce qui lui rappelle une vieille locomotive. Il ne peut pas voir à l’intérieur, à part les flammes d’un orange intense qui jaillissent en crépitant, mais il sait qu’ils sont là. L’espace d’un instant, il voit le visage de DJ qui vacille, qui regarde par la fenêtre du mobile home en flammes sans détourner les yeux, la bouche ouverte formant un ovale peu naturel, comme s’il chantait.
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