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Citation de genou


genou
04 février 2016
Cher monsieur Leike, je suis confuse. Je souffre malheureusement d'une maladie chronique du "Ei", c'est-à-dire du "E" avant le "I". Quand j'écris vite et qu'un "I" doit suivre, un "E" se glisse toujours dans mon mot. A tel point que mes majeurs se font la guerre sur le clavier. Le gauche veut toujours aller plus vite que le droit. Il faut dire que je suis une gauchère contrariée. La main gauche ne me l'a pas pardonné. Le bout de son majeur glisse toujours un "E" dans le mot avant que la main droite ne puisse placer un "I". Veuillez excuser ce harcèlement, cela n'arrivera (probablement) plus. Bonne fin de soirée, E. Rothner.

Quatre minutes plus tard

En voulant résilier son abonnement à un magazine, Emma Rothner se trompe d'adresse et envoie son mail à un inconnu, Leo Leike. Peu à peu, un dialogue s'engage entre eux et le ton devient vite intime. De plus en plus attirés l'un par l'autre, ils finissent par se donner rendez-vous dans un café de la ville, à une condition : reconnaître l'autre, mais sans lui adresser la parole...
Daniel Glattauer

Né à Vienne en 1960, Daniel Glattauer a étudié la pédagogie et l'histoire de l'art, avant de s'orienter vers le journalisme. Après ses débuts à Die Presse, il rejoint le grand quotidien autrichien Der Standard en 1989, peu après sa création, où il signe sous le sigle "Dag" des chroniques judiciaires et politiques. Auteur d'une dizaine de livres - romans et récits, jamais traduits en français -, il est actuellement en congé sabbatique et envisage de se consacrer exclusivement à son activité d'écrivain.

15 janvier

Objet : Résiliation

J'aimerais résilier mon abonnement. Puis-je m'y prendre ainsi ? Cordialement, E. Rothner.

18 jours plus tard

Objet : Résiliation

Je veux résilier mon abonnement. Est-il possible de le faire par mail ? Merci de me répondre au plus vite.

Cordialement, E. Rothner.

33 jours plus tard

Objet : Résiliation

Chère Madame, cher Monsieur des publications Like, si votre mépris souverain envers mes tentatives de résiliation a pour but d'écouler plus d'exemplaires de votre produit, d'un niveau hélas toujours plus mauvais, je dois malheureusement vous faire part de ma décision : je ne paierai plus !

Cordialement, E. Rothner.

8 minutes plus tard

RÉP :

Vous avez la mauvaise adresse. Je suis un particulier. Mon adresse : woerter@leike.com. Celle dont vous avez besoin : woerter@ like. com. Vous êtes déjà la troisième personne à m'envoyer une demande de résiliation. Le magazine doit être devenu vraiment mauvais.

Cinq minutes plus tard

RE :

Oh, pardon ! Et merci pour ces explications. Bien à vous, E.R.

Neuf mois plus tard

Pas d'objet

Joyeux Noël et bonne année de la part d'Emmi Rothner.

Deux minutes plus tard

RÉP :

Chère Emmi Rothner, nous ne nous connaissons pour ainsi dire pas du tout. Cependant, je vous remercie pour votre sincère et si original mail groupé ! Il faut que vous le sachiez : j'aime les mails groupés destinés à un groupe auquel je n'appartiens pas. Sincères salutations, Leo Leike.

18 minutes plus tard

RE :

Veuillez excuser mon harcèlement épistolaire, Monsieur "sincères salutations" Leike. Vous vous êtes glissé par erreur dans mon fichier clients car, il y a quelques mois, j'ai utilisé sans le vouloir votre adresse mail pour résilier un abonnement. Je vais l'effacer tout de suite.

PS : Si pour souhaiter "un joyeux Noël et une bonne année" vous trouvez une formule plus originale que "joyeux Noël et bonne année", n'hésitez pas à me le faire savoir. En attendant : joyeux Noël et bonne année ! E. Rothner.

Six minutes plus tard

RÉP :

Je vous souhaite d'agréables fêtes et espère de tout coeur que cette nouvelle année qui commence comptera parmi vos 80 meilleures. Et si entre-temps vous vous abonnez aux ennuis, n'hésitez pas à m'envoyer - par erreur - une demande de résiliation. Leo Leike.

Trois minutes plus tard

RE :

Suis impressionnée ! Bises, E.R.

38 jours plus tard

Objet : Pas un euro !

Très chère direction de Like, je me suis séparée de votre magazine trois fois par écrit et deux fois par téléphone (auprès d'une certaine Mme Hahn). Puisque vous persistez malgré tout à m'envoyer ce journal, je considère que cela vous fait plaisir. Quant à la demande de paiement de 186 euros, je serai ravie de la conserver en souvenir de Like quand, enfin, je ne recevrai plus aucun numéro. Mais ne comptez pas sur moi pour payer le moindre euro. Avec l'expression de ma considération distinguée, E. Rothner.

Deux heures plus tard

RÉP :

Chère madame Rothner, le faites-vous exprès ? Ou êtes-vous abonnée aux ennuis ? Sincères salutations, Leo Leike.

15 minutes plus tard

RE :

Cher monsieur Leike, je suis confuse. Je souffre malheureusement d'une maladie chronique du "Ei", c'est-à-dire du "E" avant le "I". Quand j'écris vite et qu'un "I" doit suivre, un "E" se glisse toujours dans mon mot. A tel point que mes majeurs se font la guerre sur le clavier. Le gauche veut toujours aller plus vite que le droit. Il faut dire que je suis une gauchère contrariée. La main gauche ne me l'a pas pardonné. Le bout de son majeur glisse toujours un "E" dans le mot avant que la main droite ne puisse placer un "I". Veuillez excuser ce harcèlement, cela n'arrivera (probablement) plus. Bonne fin de soirée, E. Rothner.

Quatre minutes plus tard

RÉP :

Chère madame Rothner, puis-je vous poser une question ? Et en voici une deuxième : combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire le mail qui expose votre maladie du "Ei" ? Bises, Leo Leike.

Trois minutes plus tard

RE :

Deux questions pour vous répondre : combien de temps selon vos estimations ? Et pourquoi cette question ?

Huit minutes plus tard

RÉP :

Selon mes estimations, cela ne vous a pas pris plus de vingt secondes. Si c'est le cas, je vous félicite : en si peu de temps, vous avez réussi un message impeccable. Il m'a fait sourire. Et ce soir, rien ni personne d'autre n'y serait arrivé. En ce qui concerne votre deuxième question, pourquoi je vous demande cela : je travaille actuellement sur le langage dans les mails. Et maintenant je vous repose ma question : pas plus de vingt secondes, je me trompe ?
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