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Citation de Ledraveur


Être, c'est simplement avoir l'intuition de l'esprit avant qu'il soit strié par l'activité mentale. Le yoga consiste donc à accompagner chaque émergence vue comme créativité de la conscience à son retour en cet océan. Dès que quelque chose disparaît, c'est-à-dire suit son cours naturel, nous baignons dans l'océan de la conscience. Rien n'échappe à ce processus, alors pourquoi choisir et discriminer ? Il suffit de raccompagner chaque émergence au cœur. De toute manière, c'est la destination de toute chose. Il n'y a donc rien à faire, sinon voir que ce périple de retour à la tranquillité s'accomplit même lorsque nous sommes absents. C'est la grande pratique. C'est le liquide primordial duquel nous émergeons et auquel nous retournons sans cesse. Il n'y a illusion d'être un individu, un être séparé, que lorsque nous perdons l'océan des yeux. Nous entrons alors dans une dynamique rigide, rectiligne, qui nous fait parler de début et de fin, de naissance et de mort alors qu'il n'y a qu'émergence et résorption dans la conscience, dans le cœur. "Ainsi, cette prise de conscience est la moelle de l'ensemble des choses, car l'univers insensible a pour moelle la conscience suprême (fondement dont il dépend) et cette conscience elle-même a le grand cœur pour moelle", dit Abhinavagupta.
— Mais la conscience individuelle peut-elle se refléter dans cette conscience globale, dans ce cœur ?
— La conscience individuelle ne peut se refléter qu'en elle-même, car elle n'a pas conscience du cœur, elle n'a pas conscience d'être entourée par le grand miroir sphérique de l'océan de la conscience. Mais il arrive qu'au cours d'une perte momentanée de ce centre égotique, un éveil, elle devienne tout à coup l'océan de la conscience et disparaisse totalement, pour être réinvestie lorsque la distraction intervient. Finalement, ne pas être l'océan de la conscience sphérique n'est qu'une distraction passagère.
— Pourquoi passagère ?
— Parce qu'au moment de la mort la distraction prend fin. Notre ego nous est dérobé, l'assemblée de nos cellules déconstruite et jetée comme une poignée de feuilles dans le vent. S'éveiller, c'est mourir prématurément à la souffrance.
— Et le corps dans tout ça ? Il y a donc bien quelque chose à saisir au-delà du corps ? — Le corps, qu'il soit assemblé ou désassemblé, ne change pas de nature. Le seul problème est “l'intelligence discriminatrice” qui considère comme distinct de l'absolu les niveaux du réel, qui en fait lui sont identiques, et la pureté consiste à broyer une telle pensée. Ayant ainsi perçu son propre corps comme le réceptacle de la pure conscience, et d'elle uniquement, toute division étant évanouie, il se tient, tout-puissant, identique au Seigneur, au cœur de l'autonomie, pure conscience", dit Abhinavagupta, rejoignant Ma-t'sou.
p. 86 et 87
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