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Citations de Daniel Odier (210)


« Il est indispensable de palper la réalité du monde dans son intégralité sans quoi toute quête spirituelle est illusoire. Etre intégralement présent à chaque chose qui traverse notre Conscience, à la plus banale et la plus répétitive de nos expériences, est la porte de l’éveil. Le tantrisme ne rejette rien, tous les processus corporels et mentaux sont du bois que nous ajoutons au grand feu qui consume l’ego et nous fait entrer de plain-pied dans l’absolu. Cette forêt dans laquelle nous marchons, c’est l’absolu. Il n’y a aucune frontière entre les phénomènes et l’absolu, ils se compénètrent totalement. Ceux qui ignorent cela cherchent l’absolu en s’éloignant du phénoménal. Ils s’imposent toutes sortes d’austérités. Ils craignent la réalité et cessent de jouer avec la vie pour la subir comme un châtiment. Leur Conscience se fane comme une fleur coupée de ses racines. Dans le tantrisme, nous mettons sans cesse en jeu l’intégralité de l’être humain sans faire de distinction entre le pur et l’impur, la beauté et la laideur, le bien et le mal. Toutes les paires d’opposés se dissolvent dans le divin. Les pulsions les plus sombres, les capacités les plus sublimes, personne n’en est dépourvu. Nous commençons à communiquer avec le divin quand nous acceptons totalement le spectre complet de nos pensées et de nos émotions. Toute beauté a sa part d’ombre, en essayant de la retrancher, nous nous asséchons. Lorsqu’en toute chose on ne voit qu’une seule et même énergie divine, la Conscience ne peut plus s’égarer, la sãdhana s’enrichit de la globalité de l’expérience non plus de fantasme de pureté, de réalisation spirituelle, de force ou de grandeur qui sont inconsistants. Se nourrir de pureté, c’est comme se nourrir d’un lait dont on aurait supprimé toutes les qualités nutritives. Ceux qui sont sur cette voie deviennent des êtres secs, leur seule chance de survie est d’aller tyranniser une Conscience joyeuse et ouverte au monde. » pp. 96-97
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Un jour un vieux maître sur le point de mourir donne la transmission de la lignée à l’un de ses disciples. Celui-ci profitant du dernier moment avec son maître, ne peut s’empêcher de faire une ultime tentative :
« Maître, lorsque mes disciples viendront me voir avec l’espoir que je leur donne des directives sur une éthique en accord avec l’enseignement, n’y a-t-il vraiment rien à leur transmettre ?
-Ecoute bien, dit le maître dans un dernier élan de générosité. Ce que l’esprit aime, c’est former des concepts, comparer, émettre des jugements, aller au fond des choses, former une image fixe des enseignements et les transformer en certitudes. Bien que cela ne soit pas vraiment la vue que nous développons, donne leur la permission de le faire car ils ne pourront s’en empêcher. Qu’ils laissent l’esprit aller où bon lui semble, dans une totale liberté, dans un non-conformisme absolu, sans être limité par des injonctions et des tabous. Essaie simplement de leur faire saisir que tout mouvement est yoga à partir du moment où personne ne revendique la propriété de cette pensée. Laisse aller la pensée où bon lui semble sans aller jusqu’au point où tu crois que c’est ta pensée. Sois comme une plume légère dans un haut défilé montagneux ; porté par les courants chauds, elle monte, poussée par les courants froids, elle descend. Elle virevolte de gauche à droite mais ne conçoit pas ce que mouvement est issu de sa propre volonté.
– Et qu’en est-il pour les expériences sensorielles ?
– Ce que l’œil aime par-dessus tout, c’est contempler des formes harmonieuses et se laisser porter par la joie de ce regard. Laisse ton œil épouser les formes qui le touchent, explorer les mouvements de la matière et des êtres, mais ne va pas jusqu’à penser que c’est toi qui voit le monde. Il y a une immense arrogance à croire que notre regard va vers les objets. Ressens que le ciel te regarde et que tout est regard.
– Comment considérer le toucher ?
– Ce que la peau aime par-dessous tout, c’est être en contact avec d’autres peaux, avec des matières subtiles et vivantes, se glisser dans un cours d’eau, un lac, l’océan ou l’espace. Alors laisse ta peau aller vers ce qui l’attire et entretiens le frémissement fondamental. Sois comme un instrument touché par le corps du musicien. Laisse vibrer en profondeur toutes les harmoniques qui montent en toi, mais essaie de ne pas aller jusqu’au point où tu conçois que c’est ta peau qui entre en contact avec l’univers.
– Et pour l’ouïe ?
– ce que l’oreille aime par-dessus tout, c’est entendre des sons mélodieux, goûter à la musique des êtres et du monde. Libère ton ouïe de toute limite et permets-lui de goûter à l’harmonie, mais ne va pas jusqu’au point où tu penses que c’est ton ouïe qui écoute l’univers.
– Pour le goût ?
– Ce que le nez aime, c’est être en contact avec des fragrances délicieuses. Il aime goûter aux parfums délicats des plantes et des êtres, il aime respirer l’espace, la pluie qui tombe sur une forêt, l’odeur délicieuse d’un être qui s’abandonne. Alors, permets à ton nez de respirer le monde, mais ne va pas jusqu’à croire que c’est ton nez.
– Que se passe-t-il si le yogin et la yoginî réussissent ce prodige.
– Alors toute perception est perception spatiale et toute la beauté du monde nous ramène sans cesse à l’illimité, mais si l’ego collecte nos impressions sensorielles, il les utilise pour construire sa forteresse et s’isoler du monde. Jouir de la beauté est le plus profond des yoga si personne ne capture la perception. C’est mon dernier enseignement, il est l’accomplissement de toute l’approche de Mahâmudrâ, transmets-le à ceux qui en sont dignes et qui pourront survoler la sensation comme le soleil et la lune survolent les nuées. »
Alors le vieux maître sortit, il regarda la vallée une dernière fois, huma l’odeur de la forêt, caressa une pierre, s’assit sur le sol, il but une goutte de rosée qu’il préleva sur une feuille et s’éteignit en abandonnant son corps, ses émotions et sa pensée à l’espace.
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Les crises mystiques de l'adolescence, la révolte magnifique qui nous fait douter de la voie tracée par d'autres, un jour, nous nous en éloignons et décidons de payer une dette imaginaire à la société, nous acceptons de mourir à nous-mêmes. Et la plus grande supercherie c'est que de cette mort-là, personne ne s'inquiète. Au contraire, on la guette, on l'accueille, on la récompense. (73)
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Dans le shivaïsme la femme incarne la puissance, l'homme la capacité d'émerveillement. ... La femme, en tant qu'adepte, jouit d'un crédit supérieur à celui de l'homme du point de vue de la force, du courage et de la profondeur de la vision, comme si, tout en elle, s'enracinait naturellement en ce qui fait le substrat commun et oublié de toutes les grandes religions anciennes. Des Celtes, aux Dravidiens de la vallée de l'Indus, de l'Égypte à Babylone, le fond de la psyché humaine est tout entier tissé de la divinité de la femme. Les divers déferlements de hordes, souvent moins barbares qu'on ne le dit et porteuses de grandes forces culturelles, de techniques et de savoirs qui permirent aussi à l'hindouisme de trouver un nouveau souffle et aux arts de s'épanouir merveilleusement, n'ont jamais réussi à soumettre cette puissance mystérieuse et féminine, vivante aujourd'hui encore dans le tantrisme.
Aucun discrédit moral n'entache la femme qui, loin d'être la source de péché, de tentation et de damnation que nous connaissons dans les 3 grandes religions monothéistes, mais aussi dans certaines tendances de l'hindouisme et du bouddhisme, est au contraire puissance et force de transmission du plus haut enseignement mystique.
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Il nous arrive à tous de traverser ce qu’il est convenu d’appeler des « crises » au cours desquelles nous retrouvons cette puissante nostalgie. Tout ce qui va nous submerger avec force, nos faire douter de notre vie bien réglée, nous emporter, nous toucher profondément, nous faire prendre conscience de nos limites peut raviver cet état d’unité ou au contraire souligner son absence d’une manière bouleversante. Pendant ces crises, nous allons nous sentir fragilisés mais extrêmement vivants et c’est ce sentiment de boire à nouveau à la source frémissante qui va nous pousser à des actions parfois bénéfiques, parfois neutres, parfois catastrophiques.
Ce sentiment, ce besoin de liberté, cette ivresse, c’est ce que nous appelons « les passions » et, bien que nous sachions qu’elles nous rendent à la vie, elles déclenchent en général une certaine culpabilité qui va de pair avec la désapprobation sociale, comme si vivre c’était s’habituer progressivement à l’étouffement, à la mort lente. Personne, mêmes les parangons de vertu, n’échappent à ces sursauts, à ces cataclysmes et s’ils sont le plus souvent mal interprétés, c’est simplement parce que tout le monde sait à quel point c’est essentiellement merveilleux d’être réveillé de sa torpeur par les passions. Ceux qui ont perdu cet état de grâce sont les premiers à condamner les victimes de ces séismes intérieurs et le malentendu continue, porté de génération en génération.
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Vivre c'est comme marcher. Tu peux penser que tu marches pour aller prendre le bus par exemple. Mais si pendant tout le temps où tu marches tu pensais au bus qui va arriver, tu n'aurais pas de plaisir à marcher. Tu ne verrais pas que c'est l'automne, qu'une feuille prend de belles couleurs rouges, que le ciel est gris ou bleu, qu'un nuage a une jolie forme, que les feuilles mortes sentent bon et qu'un marron tout brillant vient de sortir de sa bogue. Tu n'entendrais pas ce que te dit un ami avec lequel tu marches. Tu ne sentirais pas sa chaleur. Tu risquerais de te faire renverser par une bicyclette ou de te cogner dans un monsieur qui promène son chien. Quand tu marches, tes sens sont en alerte, tu vois et enregistres des centaines de choses et parfois tu as l'impression de te sentir joyeuse, simplement parce que tu es vivante, que tu respires, que tu ressens des sensations, que tes jambes bouges harmonieusement, que tes pieds sentent le sol et qu'ils s'y posent en faisant un mouvement merveilleux et très compliqué. Mieux tu te sens, plus tu peux observer comme c'est beau d'être en vie, de simplement marcher, d'entendre le chant d'un oiseau, de toucher un marron, de goûter la saveur d'une pomme, de voir les nuances d'une couleur, de sentir l'odeur de la terre, de comprendre quelque chose avec ton intelligence. Tout cela , c'est laisser l'arc-en-ciel sortir de ton coeur. La vie, ça sert à ça, à être pleinement vivant. Chaque fois que tu es triste, que tu as des soucis, essaie de voir ce qui est autour de toi, tu t'apercevras que l'arc-en-ciel est toujours là si tu sais le voir. C'est un peu comme Dieu, il aime bien se cacher partout et quand on est triste, on est comme au fond d'un puits, on ne pense pas à relever la tête pour voir le ciel lumineux.
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Être, c'est simplement avoir l'intuition de l'esprit avant qu'il soit strié par l'activité mentale. Le yoga consiste donc à accompagner chaque émergence vue comme créativité de la conscience à son retour en cet océan. Dès que quelque chose disparaît, c'est-à-dire suit son cours naturel, nous baignons dans l'océan de la conscience. Rien n'échappe à ce processus, alors pourquoi choisir et discriminer ? Il suffit de raccompagner chaque émergence au cœur. De toute manière, c'est la destination de toute chose. Il n'y a donc rien à faire, sinon voir que ce périple de retour à la tranquillité s'accomplit même lorsque nous sommes absents. C'est la grande pratique. C'est le liquide primordial duquel nous émergeons et auquel nous retournons sans cesse. Il n'y a illusion d'être un individu, un être séparé, que lorsque nous perdons l'océan des yeux. Nous entrons alors dans une dynamique rigide, rectiligne, qui nous fait parler de début et de fin, de naissance et de mort alors qu'il n'y a qu'émergence et résorption dans la conscience, dans le cœur. "Ainsi, cette prise de conscience est la moelle de l'ensemble des choses, car l'univers insensible a pour moelle la conscience suprême (fondement dont il dépend) et cette conscience elle-même a le grand cœur pour moelle", dit Abhinavagupta.
— Mais la conscience individuelle peut-elle se refléter dans cette conscience globale, dans ce cœur ?
— La conscience individuelle ne peut se refléter qu'en elle-même, car elle n'a pas conscience du cœur, elle n'a pas conscience d'être entourée par le grand miroir sphérique de l'océan de la conscience. Mais il arrive qu'au cours d'une perte momentanée de ce centre égotique, un éveil, elle devienne tout à coup l'océan de la conscience et disparaisse totalement, pour être réinvestie lorsque la distraction intervient. Finalement, ne pas être l'océan de la conscience sphérique n'est qu'une distraction passagère.
— Pourquoi passagère ?
— Parce qu'au moment de la mort la distraction prend fin. Notre ego nous est dérobé, l'assemblée de nos cellules déconstruite et jetée comme une poignée de feuilles dans le vent. S'éveiller, c'est mourir prématurément à la souffrance.
— Et le corps dans tout ça ? Il y a donc bien quelque chose à saisir au-delà du corps ? — Le corps, qu'il soit assemblé ou désassemblé, ne change pas de nature. Le seul problème est “l'intelligence discriminatrice” qui considère comme distinct de l'absolu les niveaux du réel, qui en fait lui sont identiques, et la pureté consiste à broyer une telle pensée. Ayant ainsi perçu son propre corps comme le réceptacle de la pure conscience, et d'elle uniquement, toute division étant évanouie, il se tient, tout-puissant, identique au Seigneur, au cœur de l'autonomie, pure conscience", dit Abhinavagupta, rejoignant Ma-t'sou.
p. 86 et 87
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Quelle différence entre les abus spirituels et ceux dont nous sommes victimes dans la vie courante, me direz-vous ? Dans les deux cas, tout est fait pour créer la dépendance, contrôler, vendre. La seule différence, c'est que nous n'attendons pas d'un fonctionnaire qui nous complique la vie qu'il se comporte autrement, alors que nous projetons sur les maîtres spirituels un rêve de perfection qui finit par étouffer les plus authentiques. Pris au piège de l'admiration sans nuance de leurs disciples, ils se réfugient derrière l'institution de la « sainte folie » qui reconnaît aux maîtres le droit à la folie authentique et leur offre l'assemblée des disciples en guise de camisole de force ; ils deviennent alcooliques, pédophiles, violents, mythomanes, délirants ou sombrent dans la mélancolie de n'avoir pu éveiller quiconque à la conscience absolue, au point de se demander s'ils ont bien compris de quoi il s'agissait.
Bien sûr, ces débordements restent souvent secrets, connus seulement d'un petit cercle d'intimes, jusqu'à l'éclosion du scandale qui vient rassasier les médias. Et même après cela, les disciples justifient les égarements des maîtres ou font mine de les ignorer. Mais rassurez-vous, les censeurs évoluent dans le même univers de corruption absolue. Tout sert dans ce monde de recyclés : les sectes, les maîtres fous, les scandales qu'on nous jette en pâture viennent à point nommé pour cacher un malaise général et plus profond. Pendant qu'on s'occupe à la chasse aux sorcières, la couche sous-jacente se cache derrière la plus superficielle. Est-ce défaitiste, est-ce exagéré ? Il y a après tout un certain nombre de petits pères relativement honnêtes qui distillent un enseignement ennuyeux, formaliste, sexiste, traditionnel, vaguement créatif, où les oripeaux des grands courants mystiques sont reformatés à l'usage de nos contemporains. À l'instar du Prozac, ils aident leurs adeptes à ne pas sauter par la fenêtre et à se bercer dans la douce illusion qu'ils suivent une voie spirituelle authentique. Mais qui n'en suit pas une aujourd'hui ? Mon banquier est gurdjieffien et danse d'un bureau à l'autre, ma postière bouddhiste vire les mandats en se réfugiant dans la Terre pure, mon libraire revitalise son catholicisme romain moribond aux profondeurs de l'orthodoxie, souriant de ce que les parlementaires russes aient récemment classé l'Église catholique au rang des sectes et que leur président ait dû se rétracter après l'intervention du président Clinton et du pape. Les hédonistes sont tantriques ; les précis, zennistes en robe noire ; les intellos, shivaïtes ; les marginaux donnent dans le chamanisme et dans le champignon lucidogène, les rigoureux sont soufis, les timides redécouvrent Héraclite et Empédocle d'Agrigente. Quant aux autres, gavés de niaiseries télévisuelles, ils pensent que si leur voisin n'a pas la télé, bouffe bio ou fait du yoga il appartient forcément à une secte. Seul James Bond peut nous sortir des griffes de ces démons. Si la télévision ne nous lave pas le cerveau, il faut bien des substituts assoiffés de pouvoir pour faire le travail.
Mais qui parle du grand nettoyage, de celui qui se fait hors de la dépendance, de l'effarement, de la peur, en ne comptant sur personne que sur soi-même ? Évidemment, impossible de construire un empire avec de pareilles idées.
p. 10 et 11
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L'homme traverse sans fin les déserts en cherchant ses yeux hors de sa tête. Il voit les montagnes et les lacs, les fleuves et les forêts, le chatoiement de la lumière, la voûte céleste et l'azur, les étoiles et la voie lactée, mais ne trouvant pas ses yeux, il se lasse. La fatigue l'envahit. Il finit par perdre son regard. Soudain, il ne voit plus rien et, dans cette obscurité même, réalise que les montagnes et les fleuves, l'azur et l'espace sont en son propre coeur. Lorsqu'il ouvre à nouveau les yeux, il voit que tout ce qui semblait au dehors de lui chatoie et vibre dans son propre coeur. La joie l'envahit. Enfin il voit.
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Alors, laissant jaillir des murmures,
Le Soi, tel un danseur dans un rêve,
Se délecte au jeu des cinq sens.
Par un discours sincère et doux,
Il fait glisser l'aimée en son cœur,
La couvre d'un subtil parfum
Et la savoure, buvant sa fragrance.
Il vit cette union comme semblable
Au contact de cent jarres de nectar
Et tous deux embrassés
Jouissent de toutes les nuances
De cette bénédiction.

La yoginî, le regard plein de désir,
prononce des mots enrobés de miel,
Elle s'unit au danseur en bougeant son lotus
Qui éprouve une ondée de jouissance.

Le Soi au plus intime
Demeure uni à l'esprit,
Et goûte à la saveur unique
Des différents baisers.
S'abandonnant au flot passionné,
Mordant et griffant,
Faisant sourdre un intense plaisir,
Lacérant leurs corps avec ardeur,
Ils mettent fin à l'illusion.

Dans cette dissolution de la dualité,
Par le goût du désir,
Perdant l'expérience de l'identité,
Les amants goûtent à un plaisir
Inexprimable et jamais encore touché.

Chacun dans ce courant passionné,
Né de l'esprit un,
Oublie toute la dualité,
Conscient de ce seul plaisir.

Dans le bruissement passionné,
Sans distraction,
Ils atteignent l'abondance
De l'insurpassable plaisir
Porté au plus haut point.

Les plaisirs humains
Limités par l'attachement,
Lorsqu'ils sont transformés,
Se muent en extase spirituelle,
L'essence même de la réalisation du Soi,
Au-delà de la forme et de la pensée conceptuelle.
p. 80 et 81
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Le plaisir perçu par le contact avec une femme suscite la béatitude, ce plaisir de l’immensité est une réalité autonome qui réside en nous-mêmes .
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Ces valeurs féminines qui donnent un parfum unique et très contemporain au tantrisme peuvent être définies sommairement comme la force profonde, harmonieuse et paisible contre la violence. La spontanéité et l'ouverture contre l'ordre moral artificiel, l'hypocrisie, le puritanisme. La non-dualité qui restitue sa complétude à l'être humain en plaçant le divin en lui-même. Le libéralisme, la tolérance, l'expérience directe de la nature fondamentalement libre de l'esprit contre les vaines spéculations religieuses et intellectuelles. L'amour contre l'exploitation sexuelle. Le respect de la nature contre l'épuisement forcené de ses ressources. La liberté absolue vis-à-vis des dogmes, du clergé, de l'État, des castes, des interdits sociaux, religieux, alimentaires et sexuels de l'hindouisme classique issu du védisme aryen. Toutes ces valeurs sont celles du respect inconditionné d'une liberté identique en chaque être humain que le tantrisme propose de retrouver sans se perdre dans une quête extérieure illusoire.
Une partie importante de la société d'aujourd'hui comprend qu'elle doit revenir à ces valeurs sous peine de chaos et de destruction. La voie tantrique est ouverte à toute la richesse de la nature humaine qu'elle accepte sans restriction aucune. C'est probablement la seule voie spirituelle dont rien ni personne ne se trouve exclu et c'est en cela qu'elle correspond aux aspirations profondes des femmes et des hommes d'aujourd'hui.
(p.37)
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La joie authentique est un espace dans lequel tout se manifeste, un feu d’artifice permanent qui ne ternit en rien le ciel mais en fait découvrir l’absence de limites. La joie ne supporte pas les demi-mesures. On ne peut être partiellement joyeux. Elle prend la totalité de l’être ou n’est qu’un des masques du bonheur. La joie implique la créativité et le courage de se libérer d’une grande partie de nos concepts et de nos conditionnements. On y accède par une intrépidité de chaque instant.
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Cette attention nue qui permet aux sensations, aux émotions et aux pensées de ne pas se figer en nous est ce que nous pouvons toucher pendant la contemplation ou méditation. Tout commence par l'examen de ce qui est, c'est-à-dire notre trouble, notre difficulté à appréhender toute chose dans l'instant. La présence à l'agitation est l'ouverture vers l'apaisement... n'essayons jamais de changer, d'adopter un nouveau comportement mais uniquement de descendre notre attention vers ce qui se passe réellement en nous. Nous allons nous apercevoir que cette présence est suffisante pour venir à bout de ce qui fait obstacle à la fluidité de la vie.
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Sans une connexion profonde avec les choses le Coeur ne s’ouvre pas. Tout ce que nous excluons de notre expérience, par principe, par croyance, par peur, par idéal, par ignorance ou par manque d’attention nourrit nos systèmes de protection qui se transforment lentement en prison. Il arrive un jour où nous sommes si bien protégés que les autres ne pensent même plus à nous parler, à nous regarder, à nous toucher, à nous goûter ou à nous écouter. La non-communication avec les tattva est la matière avec laquelle nous construisons notre solitude.
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Personne ne peut traverser la vie sans éprouver la substance dévorante du désir et des passions. Pourquoi ces sursauts nous font-il tant souffrir? Pourquoi après les avoir vécus revenons-nous souvent à l’état d’hibernation? Pourquoi acceptons-nous de payer le prix exorbitant que la société demande aux passionnés? N’y aurait-il pas une erreur fondamentale dans la manière dont nous orientons notre vie? Pourquoi notre idéal ne correspond-il pas à notre intuition profonde? Pourquoi acceptons-nous que l’émerveillement ne soit plus une qualité fondamentale de notre vie?
L’abandon de notre potentiel fondamental ne vient pas seulement de notre éducation, des difficultés de la vie, de la nécessité de s’y faire une place. Il vient avant tout de notre univers de pensée, de notre mythologie, de nos religions, de nos concepts liés aux textes bibliques et à la genèse. La faute originelle, la chute, le rachat sont de puissants principes d’inhibition et de culpabilité. Ils conditionnent notre concept de séparation.
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Une rêverie déconcertante
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Daniel Odier
C'est cela le secret tantrique ; entrer en communion profonde avec la réalité de notre vie telle qu'elle est. Et nous remarquons qu'à chaque fois que nous réussissons à saisir la vie dans son immédiateté, notre respiration se relâche harmonieusement.
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Ma soif sensuelle passionnée ne parvenait pas à s'établir dans l'harmonie à laquelle mon esprit aspirait. J'étais constamment déchiré par la dualité corps/esprit et je ne voyais pas comment atteindre cette sérénité qui me fascinait tout en demeurant profondément ancré dans la réalité de la vie.
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Nous découvrirons qu'il n'y a rien d'autre à faire que de reconnaître. Tout se met alors à fourmiller, à frémir, à établir des connections.
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