Aujourd'hui, les mères sont presque interdites d'émotion quand ils quittent le nid. Si d'aventure elles expriment un peu de tristesse ou de nostalgie, elles s'entendent dire : "Eh bien quoi, c'est normal, c'est l'âge, tu ne vas pas en faire un plat", ce qui les condamne au silence. Sauf que, tout de même, après dix-huit, vingt ou vingt-cinq ans de " vie commune", on peut avoir un coup de blues; cela ne signifie pas que l'on voudrait les garder pour soi mais qu'une page se tourne. Le métier de mère, et de parent plus généralement, consiste à tout faire pour apprendre aux enfants à nous quitter. On le sait, et c'est très bien comme ça et on se réjouit généralement de les voir grandir. Il n'est cependant pas interdit d'être en proie, de temps à autre, à un accès de spleen.
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