Personne au fond n'avait compris pourquoi les juifs étaient revenus. Morts et quelques vivants. Certains, comme mon père qui ne cachait pas sa franche répugnance, interprétèrent leur retour comme une perfidie de plus, mais la plupart obstruèrent leur porte, par crainte de la vengeance imminente des gazés, brûlés, noyés, disséqués. A la vitesse d'une superstition, ils se mirent à prier en cachette. Pour ne pas soigner au grand jour les plaies du dernier supplicié, l'Europe, encore parmi les décombres, se ravisa. Brandissant un nouveau sacre païen, elle devint sceptique.