AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de DavidG75


Pour nous les hommes de cette mer, de cette plaine, la montagne était une figure attirante et redoutée. La forme lointaine nous engageait dans les chemins imparfaits, tortueux et splendides de nos amours. Toutes les femmes se mesuraient à l’aune de la grande, celle que nous avions reconnue et aimée dans le profil de la montagne. Ainsi plantée depuis toujours au plus intime de notre cœur, la femme de pierre prenait toute la place, interdisant aux autres femmes d’y entrer à leur tour. Nous aimions dans nos amours la distance qui nous en séparait. L’approche et le recul mariait nos désirs et nos peurs, scandaient les chemins de nos vies, alimentaient l’exaltation et sa décrue, mimaient, avec une ampleur lyrique, le va-et-vient des assauts ultérieurs, les véritables, les charnels. Et, lorsqu’elle advenait, l’habituelle gymnastique donnait des munitions à la poésie future. La femme aimée reculait aussitôt, nos phrases la consacraient et pour réamorcer l’enthousiasme, il fallait, au plus vite, la revêtir de son habit de pierre et de grandeur. Lèvres scellées, elle restait immobile, muette, réduite à son secret, sans salut.
Commenter  J’apprécie          40





Ont apprécié cette citation (4)voir plus




{* *}