Et si vous trouvez le rouleau de mon coeur
déroulé dans la poussière,
dites ceci :
Il y avait un homme
pur, simple, fatigué, faible.
Et cet homme vivait innocemment,
discrètement,
en silence il prenait
- sans bénédiction ni malédiction -
ce qui advenait.
Et l'homme allait dans l'innocence,
et ne vivait pas dans l'obstination ;
il ne fuyait pas les petites choses,
il n'espérait pas la grandeur,
et ne cherchait pas ce qui est caché.
Et si la grandeur venait
tard, non invitée - sur le chemin du roi -
il la regardait, étonné,
baissait la tête et s'en allait.
Et si ce qui était caché venait,
tard, frappant à sa porte,
il ne le laissait pas entrer,
méprisant tout autant l'insolence du chien
que le coeur droit du lièvre.
Et cet homme avait un petit grenier
avec une lucarne,
à lui seulement, aucun ange n'y venait,
aucun démon n'y régnait.
En temps de troubles il avait une seule prière,
il y montait et se tenait
devant la lucarne
tremblant, brûlant -
priant en silence.
Et la prière durait toute sa vie
mais Dieu n'en voulait pas.
Ce dont il ne voulait pas, cela lui était donné,
et la seule chose qu'il demandait,
il ne la trouvait pas.
Jusqu'à son dernier jour cet homme
ne perdit jamais espoir en la miséricorde.
Coeur et âme il priait,
il pria et mourut
au milieu de la prière.
Eté 1910, traduit de la traduction de David Aberbach.