Le grand saut était sans doute le plus enivrant, parce qu'il s'accompagnait d'un sentiment d'extase ; avoir l'impression de voler et de goûter à une liberté absolue, qui nous était interdite tant que l'on restait accroché à la vie. Mais j'avais trop peur de me rendre compte, une fois en suspension dans l'air, que j'étais encore capable d'éprouver du bonheur dans ce monde-ci et que c'était peut-être une erreur de le quitter. Je me demandais s'il y avait quoi que ce fût de pire que le remords dans la conscience d'un suicidé. (p. 229)
- Je pense que les Français sont râleurs par nature, et que, s'ils s'en donnaient la peine, ils pourraient trouver parmi les candidats à chaque élection, celui qui répondrait à leurs attentes. Le vote blanc ne change rien si ce n'est faire courir un risque majeur à nos institutions ; imaginez que tout le monde vote blanc, nous n'aurions plus de Gouvernement !
Nadia acquiesce lentement.
- Effectivement, et c'est l'objet de comptabiliser les votes blancs comme des suffrages exprimés. En cas de victoire du vote blanc, une nouvelle élection doit se tenir dans un délai de 2 mois, ouverte à d'autres candidats, et les élus sortants poursuivant leur tâche jusqu'à l'élection de leur successeur.
- Vous remettez en question le principe fondamental de la 5ème République voulu par le Général de Gaulle, à savoir la garantie de stabilité. Vous voulez qu'on se retrouve dans les situations de blocage de la Belgique, de l'Espagne ou de l'Italie ?
- Si cela force le monde politique à se remettre perpétuellement en question, et à cesser de vivre, comme vous, dans sa tour d'ivoire, simplement parce qu'il sait que, grosso modo, son parti reviendra au pouvoir une fois sur deux, dans un jeu de chaises musicales mortifère.
Je tentai cependant de refroidir mon empressement, connaissant ma propension à l'affabulation et à la paranoïa ; j'étais capable de m'inventer un univers qui expliquât, dans sa logique propre, les événements dont j'étais le témoin, selon toute évidence, involontaire, voire qui justifiât ma présence dans l'affaire. J'étais incorrigible. (p.113)
« La fumée des cigarettes enveloppe la salle d’une brume filiforme à travers laquelle les quatre silhouettes semblent se refléter les unes les autres. Le silence, seul, oppressant, accompagne les ultimes résistances.
— Alors faisons-le ! glisse finalement Sébastien. Faisons de Nicolas Sarkozy notre prochain Président. »