Etrange aussi comme la musique de Ravel, pour peu que l'on traverse son miroir, révèle ainsi des aspérités que la ligne claire de son oeuvre n'a certes pas gommées, plutôt merveilleusement digérées. Son art s'abreuve à tous les autres. On est par exemple frappé, à la lecture des lettres narrant sa croisière sur les fleuves d'Europe en 1905, par la manière proprement synesthésique dont il décrit ses impressions, convoquant la littérature et les peintres dans des considérations essentiellement picturales : entre "paysages mécaniques" et " brouillard jaune", ce périple devait inspirer au musicien trentenaire des images stupéfiantes, le bouleverser et le marquer éternellement...