Parmi des milliers d’idéologues anesthésiés par leur orgueil
et leur égoïsme se dressent fort heureusement des esprits lucides
et courageux, malheureusement souvent bien seuls, qui
défendent à la fois la liberté et l’honneur des intellectuels. Ils se
nomment George Orwell, Alexandre Soljenitsyne ou Simon Leys.
C’est au magnifique rôle de ce dernier que nous consacrons les
lignes suivantes. Elles s’emploient notamment à poser une
question déterminante pour l’avenir de l’économie mondiale : la
Chine peut-elle continuer à mentir sur son passé et son présent
tout en occupant une place centrale dans le monde ?
D’abord celui de Jean-François Revel exprimé en ces termes :
« le courage de Simon Leys, au milieu de l’océan de bêtises et d’escroqueries intellectuelles qui baignait les côtes poissonneuses de la Maolâtrie intéressée de l’Occident, nous a un jour fait parvenir le message de la lucidité et de la moralité. Sa trilogie, Les Habits neufs du président Mao, Ombres chinoises, Images brisées, est bien « l’acquis à jamais » dont parle Thucydide pour définir le résultat du travail de l’historien. »
Néanmoins c’est une véritable escroquerie
intellectuelle que d’en confier le gardiennage à un parti unique et à ses dirigeants jouissant d’un pouvoir tyrannique dispensé de tout contrôle. Ce n’était du reste pas l’idée de Hegel. Il est étonnant que Sartre et Simone de Beauvoir aient pu cautionner une telle aberration en invoquant un modèle mis en place par Lénine en 1918
Ainsi, par le mariage improbable de l’économie de marché et du totalitarisme communiste, la Chine est devenue la deuxième économie mondiale. Qui peut aujourd’hui, quelques années après la mort de Simon Leys, rappeler à la face du monde la belle phrase de l’historien chinois Sima Qian : « les oui-oui de la foule ne valent pas le non-non d’un seul homme » ?
La figure de Simon Leys n’est pas seulement celle d’un intellectuel qui a dénoncé les égarements maoïstes, mais d’un écrivain persécuté dans nos pays libres pour avoir dit la vérité. Ensuite nous nous interrogerons sur la sortie incomplète ou imparfaite du totalitarisme.