A la maison, nous avions un piano. Un très vieux piano. Désaccordé, inaccordable, mais qui résonnait comme nul autre. Il ressemblait à un vieux mammouth prostré dans le salon. Lorsque ses cordes vibraient, le sol tremblait, les vitres frisaient l'implosion. Il m'impressionnait, je crois même que j'en avais peur. Pourtant, j'adorais m'asseoir au clavier pour frapper les touches au hasard, invoquant des orages de fausses notes. Bien sûr ce n'était que du bruit, mais moi, je m'imaginais virtuose.
(Nicolas Sick, Histoire à faire fuir)