Je sursaute, en même temps que mes compagnons. Un bolide vient de nous frôler sans faire le moindre bruit. J'ai à peine eu le temps d'entrevoir sa forme : c'est quelque chose d'intermédiaire entre la voiture, la moto et l'avion...Hator n'a pas l'air surprise.
- Il y en a partout des machins comme ça, explique-t-elle. Je sais pas à quoi ça sert. Il faut juste faire attention : on les entend pas et on risque de se faire renverser.
-On dirait que les robules copient notre monde, constate Marnus.
Le monstre doit bien mesurer trois ou quatre fois la taille d'un homme adulte. Il est difforme ; des bosses, des cubes et des piquants sont répartis sans aucune logique sur toute sa surface. Les piquants, par exemple forment des touffes placées de manière aléatoire, au lieu d'être sur son dos ou sur sa tête. A d'autres endroits, on dirait qu'il a des bouclettes. Une sorte d'escalier lui recouvre partiellement l'avant, là où devrait être son ventre. A la base, là où on s'attendrait à trouver des pattes ou des pieds, son corps s'étale comme une grande jupe et je me demande comment il fait pour avancer. Vu la façon dont il glisse légèrement à droite et à gauche, je devine qu'il doit être muni de quelque chose qui s'apparente à des roulettes. Sa peau semble lisse, mais elle grouille de robules.
La machine est équipée d'un casque relié à l'ordinateur. A l'intérieur du casque, il y a un écran sur lequel on voit défiler des paysages. C'est super réaliste : on s'y croirait ! On peut courir dans la forêt en sautant pour éviter de grosses racines ou de grosses pierres. Il y a aussi du son, pour l'ambiance : on entend le vent qui fait bruisser les feuilles, les chants des oiseaux et des cris d'animaux. C'est mon oncle qui a programmé tout ça. Le plus extraordinaire, c'est que la machine diffuse même des odeurs. Avec le programme ' course dans la forêt', on sent l'humus, les feuilles mortes, les champignons...Pour le programme 'mer', le parfum de large nous chatouille les narines, on perçoit le cri des goélands et les cornes des bateaux, au loin.
On entendait le cliquetis frénétique de ses doigts sur le clavier et on se demandait ce que le robot allait bien pouvoir faire de plus, parce qu'on le trouvait déjà très chouette comme ça. On a fini par rejoindre Niels au moment où il s'apprêtait à le remettre en marche. Ca a été un sacré gag !
Mon oncle avait dû se tromper quelque part : quand Zip a voulu aboyer, c'est un vrai miaulement de chat qui est sorti. Tonton Niels a eu l'air un peu déconfit, mais finalement tout le monde s'est mis à rire. On a décidé de le laisser comme ça. Après tout, un chien qui miaule, c'est plutôt marrant, non ?
« Dans mon ventre qui gargouille, il fait sa tambouille : il fouine, il farfouille. »