Dans "Des âmes qui vivent" aux éditions HLAB, Delphine Maarek expose à travers 16 nouvelles, les hauts et les bas d'histoires d'amour.
À l'occasion de la sortie de son deuxième livre, elle nous a partagé en vidéo sa vision de l'amour.
En savoir plus : http://bit.ly/DelphineMaarek
Le désamour, c’est le drame de ma vie. J’aime toujours très fort, très longtemps. Je sais que vous m’avez aimée, ton père et toi. Je ne regrette rien, ni ma dévotion, ni mes larmes salées de reproches. Pour une raison, une seule : parce que j’ai fait de mon mieux. Il y a tant à corriger en moi, tant à nuancer, tant à oublier. Oui, je vous ai poussés dehors quand j’ai cru que vous me repoussiez en chœur. Oui, mon cœur s’est brisé en mille morceaux. Je suis comme ça. J’analyse ce qu’on me dit, je n’ai jamais la bonne répartie, moi aussi, je m’émeus devant les pubs de la télé, j’adore revivre le passé et je m’enivre des promesses de l’avenir. Mon humeur peut changer grâce à une chanson, je crois que je ne tiens pas bien dans ce drôle de monde. L’amour des autres m’est inaccessible, même quand on me le donne. C’est la légitimité qui me manque, j’ai du mal à savoir pourquoi on m’aimerait.
La confiance réelle que j’ai en moi tient dans le chas d’une aiguille. Et les lambeaux trainent par terre depuis qu’on les a réduits à néant. Tout le monde souffre. Va voir un psy, qu’ils disaient. Ne te concentre pas sur le négatif, qu’ils disaient. Tu sais, le monde ne tourne pas autour de toi. Ouvre-toi aux autres. Les amoureux, les compliments, les photos flatteuses, le maquillage, les brushings, les piercings, rien ne nous guérit du manque de confiance en soi. Il naît d’une étincelle et se propage comme une fumée, année après année, il s’enroule autour de nos complexes et les enveloppe comme un traître. J’ai le cœur qui palpite facilement, je me vexe en un clin d’œil parce que je ne crois pas en moi et j’ai toujours peur que ce soit pareil pour les autres.
J’ai passé ma vie à essayer d’être parfaite pour qu’on ne puisse jamais me détester.
Tu me connais, je suis une femme qui carbure à l'émotion, c'est mon truc, ma faille et ma force, je ne vis pas les choses, je les ressens, ça me tord le bide et m'explose le cœur. Il faut bien s'accrocher, c'est une montagne russe perpétuelle, un dédale de sentiments, et je m'y perds souvent. Je ne me suis jamais posée la question de faire un enfant en termes d'organisation, je savais juste qu'on était prêts, qu'on le voulait. L'avantage quand on vit comme ça, c'est qu'on s'adapte, on ne se laisse pas le choix.
Disons-le pour de bon, affrontons la vérité. J’ai peur qu’on ne m’aime pas. Pourquoi ?
Ça fait vingt-cinq ans que je respire et je n’ai pas la moindre idée de la réponse, j’aimerais même pouvoir effacer la question si je pouvais, mais c’est comme ça. Je ne peux pas. Avoir un enfant n’a rien arrangé, le fait d’être sa maman ne m’a pas donné son amour automatiquement, aujourd’hui, quand j’ai joué avec elle, je me suis parfois énervée quand elle se trompait en mettant un carré dans le triangle et maintenant, j’ai peur qu’elle m’en veuille, j’ai le spectre de cette mauvaise mère qui se calque sur mon corps et épouse mon ombre quand je me comporte comme ça. J’ai eu le vertige, d’un coup je suis sortie de moi-même et je me suis vue. Je me suis imaginée en mère autoritaire en train de contrôler ses devoirs, j’ai revu les longues heures passées dans la cuisine alors qu’il faisait nuit, quand on me forçait à apprendre par cœur, jusqu’à la virgule près, les pages 30 à 40 alors que le maître avait juste demandé de lire les pages 30 et 31. Un immense vertige, celui d’être prisonnière de ce qu’on a vécu, de reproduire sans s’en rendre compte, de venger inconsciemment et injustement son propre cœur d’enfant meurtri.
Ma fille ... Il y aura des femmes mauvaises et il y aura les autres. Celles qui sécheront tes larmes, réchaufferont ton cœur et ouvriront leur maison quand ça va ne va pas. Certaines femmes remplacent les mamans, certaines luttent pour les autres. Il y a des anonymes qui ne font rien pour la gloire mais répandent les sourires autour d’elles, juste parce qu’elles sont des femmes bien, les vraies, qui ont le cœur sur la main.
Le bonheur, ce sont des instants, pas la constance.
Elle n’est pas faite pour être douce, la vie. On a besoin de la violence. On reconnaît la douceur après avoir eu le goût de l’amertume dans la bouche. On a besoin de cette dureté que la vie nous inflige, parfois, pour progresser.
Nous devrions tous écouter l'enfant resté caché au fond de nous, prêt à s'émerveiller de la moindre bonne nouvelle, et cueillant chaque jour comme s'il était la récompense de la nuit.
Il faut connaître le noir pour apprécier la lumière, il faut avoir faim pour aimer manger, il faut désaimer la vie pour y reprendre goût.