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Citation de Charybde2


Ce lundi, jour de fermeture de son commerce, Luce Boyer, poissonnière du Pavillon de la Marée et voisine de la villa, aperçoit depuis son jardin une jeune femme inconnue, assise sur les marches du perron entouré d'une fausse rocaille de ciment, face à une fillette debout. Elle peut entendre leur conversation couler dans un français aux tonalités montantes - un chaton qui joue sous les draps -, discutant de l'exacte signification du mot Astarté, déesse ancienne ou véritable étoile. Et l'attention qu'elles se portent, leur naturel à savourer la connaissance, l'atmosphère finement électrique, douce et fluide, qui semble se produire dans le contact de l'une à l'autre, l'émeuvent brutalement. Quelque chose extrayait cette mère et son enfant de ce décor stérilisé jusqu'à l'absurde où elles devenaient deux silhouettes de carton coloré reposées devant l'image d'une villa qui, avec son toit en chapeau d'ardoise stricte et ses longues fenêtres étroites sous des dentelles de bois, n'incarnait plus l'insouciante dilapidation des beaux jours d'été, mais le mépris coquet de l'égoïsme. Wanda et la fillette crurent que la femme qui s'approchait était madame Lamblin et, lorsqu'elles comprirent qu'il n'en était rien, le désarroi assombrit leurs yeux gris. Ceux de la mère avaient des passages foncés semblables aux cieux d'équinoxe, ce qui s'y rencontre de promesse et de possible désastre ; ceux de la fillette, plus clairs, donnaient l'inquiétante sensation de filtrer ce qu'ils regardaient, face à quoi on pouvait se croire arrêté par sa propre grossièreté ou emporté et dissous.
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