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Critiques de Denis Decourchelle (5)
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La Persistance du froid

L'écriture de Denis Decourchelle est une houle , une houle qui vous happe, vous fait faire un tour complet et vous libére après 145 pages encore pris de vertige......Coriolis avait raison.

Sans dommages collatéraux vous venez de faire une expérience unique dans le monde littéraire!



Un joueur de batterie, un pianiste de jazz, une actrice de télévision d'origine polonaise,une anthropologue, un marin polonais naturalisé américain, un cosmonaute soviétique qui rentre sur terre après 135 jours,un saxophoniste ténor,un attaché commercial de l'ambassade des Etats-Unis à Moscou, un couple de polonais,parents de l'actrice,.......... sont la trentaine de personnages de ce récit polyphonique, qu'on va croiser et qui vont se croiser durant cette expérience,un voyage au coeur de l'âme humaine. Certains ont existé, d'autres non, vrais ou fausses biographies, qu'importe !

L'auteur ethnologue de son état et musicien amateur, nous offre une vue panoramique de l'existence, où le temps s'allonge ou se rétracte, où les phrases longues et sinueuses se déploient comme des vagues scandant ces existences qui essaient "d'échapper au froid ".

L'histoire qualifiée circulaire par l'auteur lui-même, commence et se termine à Chicago .



Un premier roman,quel talent ! Une prose sublime, une des meilleures que j'ai lu ces dernières années ! Un livre magnifique hors des sentiers battus que j'espère croisera la route de nombreux lecteurs amoureux de littérature !





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La Persistance du froid

Ce merveilleux et unique roman de Denis Decourchelle donne une variation musicale de la théorie de Frigyes Karinthy, des « six degrés de séparation », chaînes ouvertes de relations individuelles formant un grand tout, lancées dans l'inconnu, parcourant le monde, et revenant au même endroit; de ces histoires personnels qui forment, agrégées jusqu'à l'oubli, la trame de la grande histoire de l'humanité.

Somme de destins linéaires formant un temps cyclique; mélodies des vies, déployées dans les méandres de ces phrases qui se lisent à voix haute, longues mélopées chargées d'une émotion pudique, sidérante beauté de la langue.

Naturellement, la fin du livre appelle un autre début, le lecteur renvoyé dans la ronde avec davantage de douceur, les yeux toujours un peu humides, persuadé que cet oeuvre en appellera un jour une autre, tant l'impression de justesse, d'existence indépendante de ce texte, ne puissent nous offrir à nouveau un chef-d'oeuvre.
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La Persistance du froid

L'exceptionnel roman de la vie comme un jeu de mikado alliant aléatoire et vrais choix.



Publié en 2010 chez Quidam, ce premier roman de Denis Decourchelle est une nouvelle preuve de la capacité de cet éditeur à dénicher du talent, y compris dans le champ francophone, à l'instar de, pour ne citer qu'eux, Philippe Annocque, Romain Verger ou Catherine Ysmal.



Présenté avec brio et enthousiasme par Philippe Annocque lors de la soirée dédiée à Quidam à la librairie Charybde, le 21 mars dernier, ce roman est celui, comme le confie l'auteur au détour indiciel de quelques lignes, du jeu de mikado de la vie.



Leurs destins enchevêtrés comme les baguettes ayant échappé au poing du joueur pour devenir d'abord la proie du hasard, retrouvant des semblants d'ordre et de sens lorsque la main parvient, par habileté ou par chance, à les extraire une à une du fatras exposé à tout moment à l'effondrement sans remède, un couple de mathématiciens juifs polonais, réfugiés en France en 1940, tentant l'embarquement à la dernière minute à Bordeaux, en pleine débâcle, seule leur petite fille parvenant alors à rejoindre le navire menant aux États-Unis, où elle deviendra, bien plus tard, une grande actrice, respectée pour son charme, son intelligence et sa bonté, tandis que ses parents, sauvés pourtant par un couple de commerçants charentais, résistants de la première heure, connaîtront un sort plus contrasté...



On trouvera aussi là, dans ces plis et replis de la vie, un batteur de jazz, un cosmonaute, un marin, un universitaire spécialiste des études de genre, un agent secret de l'O.S.S., et bien d'autres figures parfois juste aperçues, qui toutes, pourtant, aident l'auteur à nous démontrer qu'au-delà du hasard, du malheur, ou de la tristesse des rendez-vous ratés, la volonté et la bienveillance - justement ! - de chacun peuvent compter, toujours, écrivant ainsi, avec un égal talent, au fil des pages de ce froid persistant, mais peut-être donc mieux supporté, un parfait contrepoint au sombre roman de Jonathan Littell.



Un livre magnifique à découvrir sans tarder, et un grand merci à Philippe Annocque pour cette révélation.
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La Persistance du froid

Un jour, vous recevez un livre dans votre boîte aux lettres. Un livre inconnu envoyé par quelqu’un que vous ne connaissez pas non plus. Et ce livre-là, qu’on a laissé reposer un peu sur la table de nuit, est ouvert un jour. On sait alors qu’on vient de faire une rencontre, que le livre inconnu et l’inconnu du livre ont touché du doigt quelque chose de profond contre lequel on n’a jamais cessé de lutter.



Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2012/10/chronique-livre-la-persistance-du-froid/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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La Persistance du froid

«Il apprit aux amateurs qui le suivaient depuis longtemps comment fragmenter ses propres citations, les enchevêtrer aussitôt en jouant devant eux à un mikado solitaire, sans que l’on ne ressente dans cette véhémence toujours fluide la vengeance du ressentiment ou le cynisme de l’amertume.»



On dirait que cet extrait sur le style singulier de Phil Sprinkler, personnage du roman saxophoniste de jazz, nous parle du récit lui-même, tant celui-ci se développe en volutes musicales avec leurs variantes, conclues par un final qui rappelle l’ouverture.



Après une très belle ouverture qui semble indiquer que ce texte est musique et fiction, Denis Decourchelle pose, en guise de deuxième chapitre, une liste de trente personnages, américains, polonais, soviétiques, français et un cubain, comme le grand générique du morceau qui va suivre.



«Résa Weiner (1929-), américaine d’origine polonaise, ancienne actrice de télévision, retirée de la vie publique en 1974 à la mort de son fils Jerzy,»



«Stanislas Beaulieu (1917-1984), américain, agent de renseignement fédéral, courtier pour l’industrie phonographique,»…



«La persistance du froid», récit au rythme quasiment hypnotique, est la trame enchevêtrée de ces destins individuels entre Amérique et Europe, leurs croisements au gré des événements de la seconde moitié du vingtième siècle, seconde guerre mondiale, conquête spatiale ou bien guerre du Vietnam, et leurs efforts pour s’extraire d’un destin attendu.



Vus de loin ou de près, du dehors ou bien de l’intérieur, les personnages se rapprochent et s’éloignent, à l’image de la vie. Le rapport au temps du récit est aussi très singulier, naviguant dans le temps, en avant, en arrière, dans un même paragraphe ou un même chapitre. Témoignages recueillis, documents et traces, il y a du Pierre Michon dans la voix de ce narrateur, dans ces destins reliés qui nous semblent réels, naissant en quelques pages par la grâce du texte, transfigurés par l’élégance d’un style et la profondeur de l’intime qui nous est dévoilé.



Simplement un chef d’œuvre.



«Le jeune Pierre part au travers de la ville à la recherche de Wanda disparue. Des années plus tard, aux heures d’insomnie comme en pleine journée, cette quête se fraye elle-même un passage, ressurgit au travers du monde urbain, s’extrayant rue après rue d’un esprit lui aussi encombré, ou bien s’effondre très lentement en enfouissant, affalant avec elle des pans entiers de la réalité et, de nouveau, ressurgissent dans le souvenir trop exact des trajets trop intensément scrutés, là où, à l’époque, la jeune femme avait pu passer. Comme une de ces inclusions pour touristes où flotte un hippocampe cadavérique, suspendu dans le glacis de la rêverie funèbre qui hante encore cette ville perpétuelle aux grands portiques de béton blanc et rouge ouverts aux vents, aux allées suspendues, aux promenades couvertes et aux places si spacieuses et lisses les jours de pluie, il entend les questions posées aux inconnus qui ne savent rien, revoit des corps brûlés examinés scrupuleusement sur les brancards, sous les bâches et les tentes de secours où se reconnaissent des visages de camarades et de clients de la poissonnerie, se sent continuer encore, par une persévérance extravagante qui plus tard sera le style de sa propre folie contenue, marchant et marchant encore en s’interdisant de penser à Wanda morte, la magie de l’esprit voulant empêcher que cela soit vrai.»

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