Denis Leroux

Si Don Quijote de la Mancha était français, il viendrait peut-être de la Manche, en Normandie... Et s'il vivait au XXIe siècle ?

C'est de ce postulat qu'est parti ce projet de BD. Une chose est sûre, ils ont trouvé le bon dessinateur pour faire le job. Virtuose du noir et blanc, Douay est très doué (OK, elle était facile) et réussit à donner vie à ce Don Quichotte des temps modernes.

En revanche, le scénariste, même s'il imite fort bien la langue fleurie de Cervantès tout en s'éclatant à lui adjoindre du patois normand, pèche par manque d'imagination, se contentant finalement d'une adaptation trop proche de la version originale, malgré l'écart des siècles.

Les rebondissements sont donc assez prévisibles pour qui a lu Miguel, sans compter que vers la fin, ça sombre pas mal dans la confusion, avant de s'achever en queue de poisson.

Et pour cause, une suite devait sans doute être prévue, qui ne vit jamais le jour, ce qui a tendance à disqualifier l'entreprise, pour être honnête.

Bonne Bande Dessinée qui nous rejoue l'aventure de Don Quichotte mais à notre époque. Ca ne change pas grand chose à l'histoire d'origine ce qui souligne la modernité dont Cervantes avait fait preuve.



L'humour mordant est au rendez-vous, avec sa pointe de cynisme dans le portrait de notre époque contemporaine et -on le sent- beaucoup de tendresse pour "Don Qhuichotte" et sa folie. Un désir fou d'aventure et de beauté trop grand pour le monde qui le porte.



Pas de Tome 2 pour cause de contrat non-renouvelé entre euteurs et editeur. Dommage, nous ne saurons sans doute jamais comment cette adaptation aurait finit.

Relecture contemporaine de l'œuvre de Cervantès, ce Don Quichotte made in Normandie ne m'a pas véritablement enthousiasmé. Si la poésie et la dérision qui s'inscrivaient dans le roman sont encore assez présentes, je trouve, en revanche, que la puissance du propos s'est un peu évanouie. La transposition temporelle de ces aventures pseudo chevaleresques apporte un décalage, une nouveauté qui renforce la dimension comique de l'ensemble, mais, paradoxalement, affadit l'opposition qui existait entre la démence du héros et le monde dans lequel il existait. Un contraste qui dévoilait les réalités de ce macrocosme. Dans cette bd, j'ai cherché à retrouver ce processus révélateur qui faisait l'une des forces de son illustre modèle. En vain...



Peut-être l'astuce narrative aurait-elle mérité un traitement plus approfondi ? Peut-être que cette folie n'est finalement que trop de notre époque ? Ou plus simplement, ce n'était pas l'ambition des auteurs ?

Peu importe, le récit n'est parvenu à me captiver (inégalement) que sur les trois quarts de l'album. Décrochant vers la scène du gendarme, j'ai même été surpris par un final qui tombe un peu rapidement à mon goût. Une suite était, semble-t-il, prévue (et même déjà écrite), mais n'a jamais (ou pas encore) été éditée. Ceci explique sans doute cela.



J'ai tout de même beaucoup apprécié le superbe graphisme tout en lavis noir et gris ainsi que le côté ludique de l'effet miroir, « m'amusant » des différences ou des similitudes avec l'original. Mais, en définitive, demeure l'impression que l'ensemble n'a pas pleinement réussi à décoller. Dommage.



Déçu...

"Crois-moi, notre destinée dépassera de loin tout ce qu'un crâne d'équidé peut imaginer !" (9)



Une variation sympathique sur le récit de Cervantès. Qui ne m'a pourtant pas touchée. Je l'ai lue de l'extérieur sans jamais rentrer dedans. Sans qu'aucune alchimie personnelle ne se déclenche.



Sancho n'est pas si bête et si mou dans l'original, non ? Non pas que je l'eusse lu, mais dans son excellent "Le réel n'a pas eu lieu", Michel Onfray lui attribue un rôle plus noble.



L'équipée n'a pas prise. Je suis restée au ras des pâquerettes.