Je n'avais rien. Parfois je me demandais si mon père buvait, lui aussi, et si sa mère, elle aussi avait divorcé, si... S'il était né dans les bas-fonds. Comme moi. Mais il m'avait, lui, et je l'avais, moi, et nous n'avions besoin de rien d'autre. C'est pour ça que je lui ai jamais rien demandé. Même quand je suis tombée enceinte. Parce que les enfants ne méritent pas les cruautés de ce monde et qu'on ne peut pas les protéger. Je ne lui ai rien demandé à ce moment là car j'ai compris qu'on l'avait battu. Comme un chien. Trop souvent. Alors je suis allée me faire avorter, tout simplement. Et je me suis fait faire ce qu'il fallait pour ne plus jamais retomber enceinte. Parce que je savais que nous n'avions besoin que de nous-mêmes.