Au cours des rencontres "Palabres autour des arts", Mankessi Dibakana revient sur son roman "La brève histoire de ma mère" autour des chroniqueurs Aurore, Gangoueus et Joss Doszen
- Je sais pourquoi vous êtes ici. Et je suis là pour vous dire que vous ne pouvez pas réussir seul. Votre homme n’est pas l’unique cible. D’autres nazis se la coulent douce sous le soleil et les cocotiers ici. Les livrer à la justice dans ces pays-ci c’est comme vouloir conserver de l’eau dans une passoire, ils en sortiront aussitôt en échange de quelques billets de banque. La corruption atteint des sommets incroyables dans ce bled.
Kaya avait étudié la médecine à l’université de Bordeaux. C’était l’époque où il était plus aisé pour un candidat africain aux études de médecine de s’inscrire à Bordeaux plutôt que dans une autre ville française. Et puis cette faculté détenait l’un des plus importants départements de médecine tropicale d’Europe.
Cette situation est peut-être un corollaire du passé esclavagiste de la ville qui, après Nantes, détenait le plus grand port consacré à la traite négrière. Des centaines d’expéditions voguèrent vers le continent noir, puis de là, les cales de bateaux plus que bourrés, se dirigèrent vers les Amériques. La médecine tropicale évolua vite à Bordeaux, peut-être pour mieux protéger les esclavagistes d’une part et trouver de quoi doper les nègres capturés pour les amener à supporter les conditions infernales du voyage. Ce qui est sûr c’est que les Bordelais étaient habitués à voir des nègres depuis plusieurs siècles. Tout ceci expliquait peut-être tout cela.
Pourquoi à chaque départ fallait-il toujours laisser tant de choses derrière soi ? Une partie de soi-même…
À cause de la mobilité de ses traits et de ses possibilités d’expression (sourire, anxiété, colère, tristesse), le visage est la partie la plus humaine de notre corps.
Je sais depuis longtemps que toute traduction est trahison.
Depuis l’enfance, j’ai compris qu’il est impossible de traduire une parole dans sa pureté, telle qu’elle est exprimée d’une langue à une autre, encore moins de la langue parlée à la langue des signes.
La jeune fille comptait parmi les Brazzavillois qui prenaient au sérieux la rumeur selon laquelle la basilique ne fût pas baptisée ainsi en mémoire de Sainte-Anne, la grand-mère de Jésus de Nazareth, mais bien en souvenir de la fille du général de Gaulle, lequel, au moment où Hitler et ses nazis occupaient Paris , avait fait de Brazzaville, la capitale de la « France libre ».