Livre / Book BURLESQUE AND THE ART OF THE TEESE (Dita von Teese)
La Petroleuse bookstore (http://www.la-petroleuse.com) presents the bookBURLESQUE AND THE ART OF THE TEESE (http://www.la-petroleuse.com/burlesque-pinups/3014-burlesque-and-the-art-of-the-teese.htm...
Il fut un temps où une femme était toujours glamour, en toutes circonstances. Elle portait des bas couture et des jarretelles ; elle avait les lèvres écarlates, les cils recourbés et les cheveux ondulés. Sans se soucier de l'heure, elle arborait des talons hauts et des gants de satin aux coudes, des plumes insolentes et une voilette aérienne qui lui virevoltait devant les yeux. Exactement comme moi.
Quelques gouttes de parfum transforment une femme charmante en une femme ensorcelante ! Utilisé à bon escient, le parfum crée une atmosphère de mystère et de romance !
Avant que le mot "fétiche" ne se charge de connotations sexuelles "obsessionnelles" et "perverses", il signifiait simplement "charme magique". Au temps jadis, les êtres humains adoraient idoles et amulettes, priant pour faire venir la pluie, provoquer la fertilité ou obtenir de quoi se nourrir. Le temps passant, le désir des populations s'est tourné surtout vers le sexe, et la définition du mot "fétiche" devient de plus en plus charnelle au fur et à mesure qu'on approche de l'époque moderne.
Lorsque la strip-teaseuse se dénude en ôtant un à un les tissus qui la couvrent, la fétichiste séduit et captive son public grâce à ce qu'elle conserve - ses talons hauts et ses bas résille, son corset, ses gants, ses fourrures, pour ne citer que mes accessoires favoris. Par la magie de la mise en scène, le strip-tease et le fétichisme attirent leur "public" à l'orée du sexe, pour d'un seul coup, comme toute tentation digne de ce nom, les en écarte brutalement.
Ce qui me rend triste, c'est de penser à tous ces gens qui ont honte de leurs désirs, qui gardent pour eux leur fétichisme à l'égard des pieds, du latex ou du bondage parce qu'ils ont peur de ce que leurs femmes, leurs amants ou leurs amis penseraient. Je veux adresser un message au monde : Ne vous inquiétez pas, tous les fantasmes que vous avez, d'autres les ont eu - et peut-être plus tordus encore !
Suivez-moi à Paris, en 1920, pour jeter un œil sur mon ancêtre en fétichisme à l'époque de sa gloire scandaleuse. Montez les marches écroulées de son Palais Rose, cette résidence de marbre posée comme un énorme bijou poussiéreux au bord d'un Grand Canal. Vite ! Planquez-vous ! Ses corbeaux albinos préférés - peut-être teints en bleu ou en rouge pour être assortis au décor de la soirée - s'envolent dans le ciel. La Divine Marquise elle-même, debout en haut de son escalier, accueille ses convives, ses grands yeux verts brillants sous des bandes de velours noir collées. C'est la Marchesa Luisa Casati.
Mes sources d'inspiration sont loin de se limiter au strip-tease stricto sensu : il faut y ajouter les comédies musicales en technicolor, les vieux films hollywoodiens, les pin-up, le fétichisme, les ballets classiques...
A ses débuts en Amérique, le strip-tease restait indissociable de la comédie ; on s'en rend encore compte dans de nombreux spectacles de reprise. Des gens comme Eddie Cantor, Bert Lahr, Jacki Gleason, Fanny Brice et Al Joelson viennent tous de cette école. Le terme américain lui-même, "burlesque", qui désigne le strip-tease, vient de l'italien "burlare", qui se traduit par "rire de".
En matière de fétichisme, rien ne vaut les bons vieux classiques. J'ai joué un nombre incalculable de fois les demoiselles en détresse, mais je ne m'en lasse jamais. C'est la scène à laquelle je m'identifie le plus parce qu'elle est éternelle, féminine, magnifique et caractéristique de l'époque que je préfère (les années quarante et cinquante).
En fait, le strip-tease a une double identité. Dans la Grèce antique et dans toute l'Europe, il s'agissait d'une forme de satire théâtrale, assez paillarde pour l'époque. La seconde s'est développée bien plus tard ici, aux États-Unis, et c'est sous cette forme que tout le monde le connaît aujourd'hui.