J'aime la nuit profondément, charnellement, disait-il. La musique, on devrait la jouer jusqu'aux premières heures du matin. Nous venons de la nuit et nous y retournons. Pourquoi attend-on la nuit pour donner un concert, une pièce de théâtre, pour faire l’amour ? Mallarmé avait remarqué que le mot nuit évoquait, par ses sonorités, la lumière, car la diphtongue y scintille. La nuit est pour moi comme d'immenses bras protecteurs. Le monde perd ses arêtes dures, ses angles coupants. Le temps s'étale, s'approfondit, recule ses limites. La nuit, on est immortel.