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L'OMBRE DES GUELWAARS
Récit de l'Ouest africain
Dominique Sarr
Préface de Henry Gravrand
1250. Niani, capitale du Mali : naissance de la princesse Ténemba, petite-fille de l'empereur Soundjata Keïta. / 1350. Mbissel, près de ce qui deviendra la Petite Côte du Sénégal : Maïssa Waly Dione, son arrière-petit-fils, fonde le premier royaume sérère. « L'ombre des Guelwaars » est leur saga : l'exode de la mystérieuse et belle Ténemba vers le Gabou ; la guerre que se livrent ses descendants ; l'exil des Guelwaars vaincus, et la conquête du Sine. Pour conter, deux nuits durant, ce siècle d'Histoire, le griot Dominique Sarr a mis la tradition à l'épreuve des recherches critiques actuelles.
Broché
ISBN : 978-2-343-07894-6 ? janvier 2016 ? 340 pages
Prix éditeur : 28 ? 26,60 ?
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Toutefois, pour que non seulement elle apparaisse, mais devienne un « métier », au moins deux conditions devaient être réunies. La prostitution féminine suppose : 1) La domination masculine, en termes de pouvoir et de richesse, c’est-à-dire un « marché inégalitaire du sexe », sans laquelle elle sans objet. 2) L’existence de règles empêchant les hommes et les femmes de s’accoupler comme bon leur semble, et notamment l’interdit du sexe hors mariage. Autrement dit, la prostitution est un corollaire du patriarcat ; les tentatives de « l’abolir » tant que perdure le patriarcat ont peu de chances d’aboutir, quand l’extinction de celui-ci éteindrait naturellement celle-là.
Or, les sociétés divines qu’elles définissent sont pour partie le reflet des sociétés qui les élaborent et sont donc marquées de leur empreinte sexuelle. Dieu étant éternel, il n’a pas à se reproduire : pourquoi diable Dieu a-t-il besoin d’un sexe ? Il représente pourtant la plupart du temps l’image paternelle […]. Je n’ai pas connaissance d’un Dieu créateur uniquement féminin… autre que la rockeuse Alanis Morissette dans Dogma, film américain de 1999.
La fonction du mariage, c’est de « garantir » l’exclusivité sexuelle… pour la femme, afin d’empêcher qu’elle puisse être fécondée par un autre homme que son époux. […] Du mari, tenu théoriquement à la même exclusivité, on tolère souvent qu’il répande sa semence où bon lui semble, puisque ceci ne fait pas courir de risque quant à la dévolution de ses biens…
La nature a instauré une irrésistible attirance des sexes l’un pour l’autre : le désir est son arme de création massive.
Dans une société machiste, les femmes sont machistes comme les hommes. Il suffit de voir les mères parler de leurs fils… […] L’homme, c’est le pouvoir ; mère et bru se battent pour la possession de l’homme, moyen de participer du pouvoir, comme deux carnassiers se battent pour une carcasse.
La société humaine, parce qu’humaine, veut endiguer le sexe pour se policer, mais, parce qu’humaine, ne peut l’empêcher de déferler. Autant construire un barrage contre le Pacifique… Constructeur de la société, le sexe en est en même temps le destructeur…
Les mots censés blesser les oreilles remontent à des euphémismes qui font sourire : « petite colline » pour le clitoris est charmant, « ce qui pend » pour pénis irrévérencieux, « aller ensemble » pour coït désarmant…
Si choquant que cela puisse nous paraître, le consentement et le désir féminins sont loin d’être universellement considérés comme un prérequis à une relation sexuelle (esclavage, mariage forcé, devoir conjugal, droit de cuissage, sexe rituel […] ).
… les vocalisations de femelles de primates non humains, en tout cas chez les macaques de Barbarie, seraient corrélées avec le statut social du mâle, et la rapidité de l’éjaculation de celui-ci avec les vocalisations de la femelle.
Cette quête permanente du sexe, cet hédonisme, ce large enrichissement de ses fonctions ne sont pas le produit de notre animalité et de supposés « bas instincts », mais le résultat de notre sociabilité d’hominidé.