Plutôt que de passer mon temps à quémander des services à coups de “s’il vous plaît”, “excusez-moi”, je préfère rester cloîtrée. Ou bien, je sors caparaçonnée pour ne pas avoir à affronter les regards qui se détournent et entendre sur mon passage : “quel dommage !” ou “elle est si jeune…” Parce que c’est la première chose à laquelle les gens pensent lorsqu’ils me croisent, et j’ai l’impression de lire dans leur yeux les quatre syllabes qui me définissent : han-di-ca-pée. Sans chercher à nier l’évidence, il est cruel d’être toujours cataloguée d’un mot qui désigne exclusivement mon incapacité… Alors, sur ma petite chaise, je roule, je vais et traverse le temps.