Je retourne dans la ville où je suis née,
Je retourne dans la ville où je suis morte,
Où je suis morte un jour d’été.
Je suis là j’existe pas,
Il y a des choses qui montent en moi,
Je suis comme ces cheminées d’usine,
Ces cheminées qui se dressent,
Solitaires,
Rouges contre ciel bleu,
Noires contre ciel gris,
Parfois d’une couleur indéfinissable,
De la couleur en mouvement,
De la braise qui devient cendre.
Je suis comme ces cheminées,
Il y a des choses qui montent en moi,
Je n’ai pas le choix,
Mon corps est une cheminée,
Au fond il y a quelque chose qui brûle
Jamais ça cesse de brûler.
Mon corps est une cheminée
Couleur de braise qui devient cendre,
Mais jamais tout à fait…
C'est étonnant, tout ce qu'un taureau apprend au cours du combat mais quand il a appris il est trop tard : il est plein de trous et il s'est vidé de son sang.
Une fille -
une jeune fille
une jeune fille longtemps enfermée
longtemps empêchée de sortir
une jeune fille un peu coquette
qui épingle des fleurs à ses robes...
On l'enferme
comme souvent on enferme
on a enfermé
ce qui déborde et ce qui fugue
ce qui ne veut pas se laisser mater
ce qui ne veut pas se laisser contenir...
La lobotomie - vous savez, cette petite intervention au consiste à s'insinuer, à l'aide d'un pic et d'un maillet, dans les cervelles trop échauffées, pour y sectionner des fibres et détruire des connections, histoire d'endiguer vite fait ce qui déborde et ce qui fugue, ce qui n'est pas très catholique, ou bien pas très américain -
Le drapé antique de mon ample robe vert-de-gris laisse à peine deviner
mes pieds. Mais les mauvaises langues prétendent que mes cothurnes
sont souillées parce que j'aurais foulé au pied, broyé de mes semelles
d'acier, le peuple des premières nations !
Moi, la Liberté ?
Non mais que faire - vraiment, que faire d'une fille qui n'a pas toute sa tête dont le corps n'en fait qu'à sa tête !