Un homme d'État a rarement poursuivi ses objec-tifs avec autant d'obstination et de ténacité lui. Ses innombrables manquements à la parole donnée et ruptures de traités peuvent être qualifiés d'opportunistes à condition de ne pas méconnaître deux choses. Premièrement, cet opportunisme avait pour principe la ruse et le mensonge. Comme il l'a dit à maintes reprises, et comme nous le verrons encore, pour lui, la politique était une lutte naturelle pour la puissance où ne règne que la loi de la jungle. Deuxièmement, cet opportu-nisme avait des objectifs nettement définis qui, précisément, ne résultaient pas des occasions qui s'offraient. C'était ces mêmes objectifs que rien ne pouvait entamer qui s'étaient développés au cours des années vingt et avaient été rassemblés, en 1926 au plus tard, en une conception homogène de la politique étrangère.
(Conclusion du Chapitre 2, p.60)
Les affaires de peu d'importance politique étaient réglées selon les normes anciennes, mais les objectifs véritablement politiques étaient réalisés hors des normes, au moyen de ce que l'on appelait les ordres du Führer. Etant donné cette situation chaotique, la tentative du juriste national-socialiste, Ernst Rudolf Huber, de traduire en concepts juridiques le droit constitutionnel du IIIe Reich, s'est fatalement révélée grotesque, son objet étant inapte à prendre une forme légale.
(Ch. 4, p. 104)
Tout s'engrenait ainsi l'un dans l'autre. Pour des êtres civilisés, il va sans dire que, probablement, aucune autre conception du monde n'a jamais surpassé en primitivisme et cruauté celle-ci qui avouait ouvertement dès le départ que ses moyens étaient exclusivement la guerre et le meurtre. Mais elle n'en était pas moins une synthèse logique en soi.
(conclusion, Ch 5, p. 153).
Tout ce qui a eu des conséquences historiques doit être analysé et compris objectivement, peut-être même plus encore lorsqu'il s'agit de ce qui est absolument répugnant. C'est cela qui est et demeure la tâche de la recherche historique.
(conclusion Ch 6, p.174)