Eddy Clark

Elle jugeait la nouvelle génération sans fierté et sans éducation convenable. Elle avait été élevée dans une riche famille italienne. Une fois adulte, elle avait été une grande chanteuse d’opéra connaissant une illustre carrière dans toute l’Europe. Elle avait par ailleurs remporté de nombreux prix dans plusieurs concours internationaux. À cette époque, les hommes sortaient en smoking et les femmes en robe longue avec des gants jusqu’au coude. Les gens y étaient distingués et de bon goût. Aujourd’hui, les garçons avaient les culottes descendues à la mi-cuisse et les filles avaient la jupe tellement courte que tous pouvaient voir ce qu’ils ne devraient pas lorsqu’elles étaient assises. « Mais où s’en va le monde et quand diable aura-t-il un retour du balancier ?! »

En fait, pour être franche, il m’ennuie. Je viens d’une famille très aisée et je m’étais dit que d’abord et avant tout, je devais me trouver un homme qui serait capable de soutenir financièrement le même rythme de vie que mes parents quand j’étais enfant. Je pensais que ça me comblerait et que le sexe, ce ne serait que secondaire. Et ben, figurez-vous donc que j’ai réalisé assez rapidement que ça ne fonctionnait pas de même. En plus pour avoir la totale, il est vraiment pourri au lit. Ça, c’est quand il veut faire de quoi. Pouvez-vous croire que je sois tombé sur un homme qui n’est
problème, c’est qu’elle ne semblait pas vouloir passer pour la fille qui se cherchait uniquement un plan sexe pour la matinée et s’obligea à continuer de jaser avec lui.

Elle en fut fascinée. Elle disait aussi ne s’être fermé les yeux que quelques instants pour bien distinguer d’où provenait cette douce voix qu’elle avait perçue et qui lui avait semblé s’éloigner de plus en plus vers l’océan.
Sans comprendre ce qui s’était passé, lorsqu’elle ouvrit les yeux elle constata qu’elle n’était plus sur le bateau. Elle se trouvait désormais immergée dans la noirceur de l’océan essayant tant bien que mal de se ressaisir. Elle avait même pu voir le navire se distancer au loin ce qui l’avait fait complètement paniquer.

Elle avait passé sa vie à aider autrui. Étant l’aînée de ses frères et sœurs lorsqu’elle était gamine, elle avait dû soutenir sa mère à tenir maison et à s’occuper des huit autres enfants. À ses 10 ans, un certain Pierre avait emménagé dans le quartier avec le reste de sa famille. Après avoir fait sa connaissance, ils s’étaient vite découvert plusieurs atomes crochus et s’étaient liés d’amitié. Par la suite, ils passèrent ensemble le peu de temps libre que leur laissait leurs obligations familiales.

 Personne ne m’aime vraiment. Je n’ai aucun véritable ami. Je ne manque à personne. Même mon fils me déteste. Il doit même être content que je sois partie. » Tel était les phrases qui avaient tourné dans sa tête. Bien qu’elle savait que ce n’était pas le cas, qu’elle était bien entourée, il y avait toujours ce petit démon qui venait lui souffler à l’oreille des méchancetés de ce genre. Il fallait à chaque fois qu’elle se résonne et qu’elle se vide l’esprit.

Ce devrait être son imagination qui lui jouait des tours. Après tout, les dernières journées avaient été éreintantes avec les différents vols pour se rendre chez sa fille, puis installer son mari avec tout le nécessaire pour que personne ne se sente pris au dépourvu pendant son absence. Il ne fallait pas oublier toutes les visites qu’elle avait faites à Vancouver avant de reprendre l’avion pour arriver ici. Un vrai marathon !

Mais à quoi sert de faire un pays si tout le monde est citoyen partout à travers le mond e ? En fait si je te comprends bien, les pays ne devraient plus exister. Il n’y aurait que la terre, soit un immense territoire unique partagé de tous. ─    C’est ç a ! Comme dans la préhistoire. Il n’y avait pas de frontière dans ce temps-là. Où était le problème ? Tous étaient égaux ! C’était une vraie égalité à l’époqu e !

Elle sentait qu’il la regardait du coin de l’œil. On ne peut pas dire qu’elle aimait se faire zieuter de cette façon, mais elle ne voulait pas jeter un froid, déjà que la soirée n’était pas encore réellement commencée. Elle se dirigea vers eux et prit place sur un des bancs directement face au croupier. Une fois assise, elle se tourna le visage vers l’homme et le salua avec un sourire courtois, c’était la moindre politesse.

Au fond, il n’est pas attiré par les femmes ni par les hommes. Il s’agit d’un gars qui est à tout ce qui fait son affaire. Un opportuniste. Un bel homme, mais un trou de cul finalement. Comme quoi on ne peut pas avoir que des qualités. » se dit-elle intérieurement tout en continuant son chemin. Affichant inconsciemment un sourire amer, Pascale fixait droit devant elle le regard perdu dans ses pensées.

On avait beau dénoncer les richesses des églises et de leurs splendeurs, il n’en restait pas moins qu’une fois à l’intérieur de l’une d’elles, il était possible de sentir le temps s’arrêter et ainsi pouvoir faire le vide. On était capable également de ressentir une plus forte proximité avec le divin, comme s’il était plus facile de communiquer avec lui une fois dans un lieu de culte.