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Citation de MarionBauer


Tu retardes de cent ans, de mille ans, tu es collé au miel du passé comme une mouche entêtée, tu es englué dans une nostalgie sans remède, tu enfantes un pays imaginaire, allaité de fantasmes, de désirs obsédants, obstinément aveugle à la nouveauté du temps présent, tu erres en toi-même sur ces remparts de la Scala, face à la mer, subjugué, fasciné par elle, tu célèbres à l'envi l'étonnant mariage de la ville et de l'océan, ville morte embaumée intacte dans son passé, princesse défunte parée de sa poésie funèbre, nostalgie de ce que sa beauté éveille, de sa grandeur ensevelie, lyrisme à la gloire de son anachronisme, tu es là par les ciels changeants, par les heures différentes, regarde, le regard changeant comme la ville elle-même, regarde la lumière du couchant, une nuit lucide, éclat du jour, déclin à l'horizon, prophète de l'aube, royauté de la mort qui ouvre les portes du ciel, lieux privilégiés qui en accueillent le frémissement annonciateur, tu es là aboli de toi-même, en toi-même : frémissement imperceptible dans le silence ponctué par le cri rauque des mouettes, la crête d'une émotion à peine en creux que déjà elle se brise et s'efface dans la grandeur et le fracas de l'océan, plus rien ne te ramène à la petitesse des regrets, à la rumeur du monde, tu es là, et insensé tu voudrais voler l'image de l'amant inspiré, comme l'autre avait tenté de dérober le feu du ciel, Madjoub l'amant inspiré !
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