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Critiques de Edmond Auguste Texier (1)
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Amour et finance

C'est insensé ce qu'une simple naissance peut avoir d'incidences : le comte de Changobert s'est hasardé à détourner la fille d'un puissant sénateur et eut la mauvaise idée supplémentaire de mettre au monde un enfant avec cette dernière. Aussitôt sorti, aussitôt débarrassé comme une simple ordure, le comte confia l'enfant à un honnête médecin ayant assuré l'accouchement en urgence mais dut également excessivement rémunérer son sournois domestique afin qu'il garde le silence sur cette naissance.



C'est dans cette tourmente que Lucien est né. Mais à ce malheur de naissance, il eut du moins la chance de compter sur une bienveillante et douce éducation par son père adoptif, lequel eut seulement la médiocre idée de l'envoyer à Angoulême pour en faire un curé.



Lucien, qui n'est qu'un rêveur, ne s'accommode guère avec l'austérité et surtout la médisance des curés : soit qu'il soit trop original, trop rêveur ou trop libéral, il est mis à l'écart et subit en outre les moqueries quant à son indigne naissance d'enfant abandonné semblant expliquer ses extravagances de poète.



A cette triste désolation d'un avenir morne et peu radieux, Lucien souffre du désir de connaître l'amour dont il a entr'ouvert brièvement la porte en se dirigeant vers Angoulême. Il en fallait bien peu pour susciter en lui une flamme pure et juvénile : rapportant à une jeune fille, Julia, un bracelet tombé sur une route, il en fut remercié par quelques paroles échangées et par un souvenir d'elle qu'il conservera précieusement.



Un jour qu'il vit au loin, depuis la fenêtre de son abbaye, Julia partir en direction de Paris, il prit la fuite aussitôt avec cette même rage de liberté que celle de se libérer d'une prison. Il est d'autant plus convaincu de sa prompte résolution qu'un de ses rares amis de l'abbaye, Hector, venait de se risquer lui aussi quelques mois plus tôt à l'aventure parisienne.



C'est donc dénué d'illusions et sans autre motif que celui de poursuivre un vague et naïf amour que Lucien se rend à la capitale.



À peine arrivé à Paris, le candide Lucien est pris à partie par un groupe révolutionnaire en plein dans les 3 jours de juillet 1830. S'il ne prend pas les armes, on le fusille. Lucien s'illustre alors contre son gré en véritable héros de la révolution sans qu'il n'ait la moindre idée de la cause qu'il défend.



Blessé et agonisant, il est encore instrumentalisé, cette fois-ci par un malin banquier : Monsieur Roullin, qui voulait spéculer sur le changement imminent de gouvernement en pleine révolution.

Recueilli et soigné à grand frais par ce banquier, tous les journalistes sont invités à contempler le héros de la révolution qu'il conserve précieusement dans son hôtel particulier comme une relique. Il s'agit pour lui de montrer avec éclat qu'il soutient la cause révolutionnaire et qu'il a lui aussi, contribué à sa manière à cette révolution, le tout, afin qu'il obtienne les faveurs du nouveau gouvernement en place.



Lucien se réveille avec le double enchantement d'une atmosphère luxueuse régnant en l'hôtel particulier du banquier et de la reconnaissance plus miraculeuse encore de Julia, veillant à ses côtés, laquelle est la fille du banquier.



Leur jeu de regard attire la méfiance de la mère qui arrache aussitôt les doux rêves de la jeune fille en lui faisant bien entendre que son père n'admettrait qu'un duc ou un pair de France en tant que gendre.



le candide eut encore la chance de revoir Hector, qui depuis leur séparation, a brillamment imposé sa plume et sa réputation dans le journalisme. Astucieux et rusé, il sert de piédestal au banquier qui obtient des faveurs grâce à lui dans ses ambitions politiques. En contrepartie, Hector détourne l'épouse du banquier et en fait sa maîtresse.



Cet esprit malin et prosaïque déconseille à son ami Lucien de poursuivre une folle et impossible relation avec Julia, dont la dot d'un million de francs doit attirer un époux à la hauteur des ambitions de son père.

Mais face à son acharnement romanesque, Hector lui ouvrira une position dans le monde afin que le mariage soit plus acceptable, position qu'il demanda à sa maîtresse, l'épouse du banquier, qui elle-même alla séduire un ministère à cette fin…

Le ministère des affaires étrangères accepte Lucien mais lui impose une épreuve, un test, avant de l'élever au rang d'ambassadeur.

Il s'agit de s'immiscer, en travaillant comme secrétaire, dans le cabinet privé d'une duchesse et maîtresse d'un prince italien, dont on sait qu'elle domine et influence à son gré la principauté, et de la convaincre de la légitimité du nouveau roi, Louis-Philippe, peu de temps après la révolution.

Mission complexe échappant totalement à l'infaillible honnêteté de Lucien qui ne parvient qu'à se faire traiter amicalement et chaleureusement comme un animal de compagnie.



Mais tous les plus heureux hasards concordent une fois encore : cette duchesse, qui est la mère de Lucien, finit par le reconnaître et, pour aider son fils qui venait de lui révéler sa mission, accepta de soutenir Louis-Philippe. Lucien est acclamé et regardé comme un fin négociateur, on lui promet les plus belles carrières dans la diplomatie pour avoir brillamment réussi si brièvement une opération complexe et risquée.



Peu de temps avant tous ces évènements, le père de Lucien, comte de Changobert, qu'il n'a jamais connu, était revenu se venger de son escroc de domestique, qui, 20 ans après, s'était enrichi et qui était devenu l'un des plus riches banquiers de la capitale et qui fut précisément celui qui recueillit Lucien…

Le comte pouvait discréditer à tout moment la carrière politique du banquier par la reconnaissance de dette qu'il détenait à son encontre, décrivant, là était l'humiliation et le déshonneur pour le banquier, les bas motifs de l'opération… C'est donc au tour du comte de faire du chantage auprès du banquier qu'il terrorise, et, sachant que sa fille dispose d'une dot d'un million et qu'elle pourrait l'aider à devenir Pair de France (député), le comte demanda la main de sa fille, Julia, la même dont son fils, Lucien, qu'il n'avait jamais vu, était actuellement amoureux.



Apprenant tout, Lucien et sa mère réfléchissent aux moyens de contrer le funeste projet du comte…

Sa mère se résolut à se sacrifier et feignit d'aimer à nouveau le comte, qu'elle détestait et méprisait d'une haine profonde et lui fit abandonner son plan de mariage, lequel se contenta seulement d'un lourd dédommagement contre le banquier.



Et voici comment Lucien, qui s'était à peine déplacé depuis qu'il s'était levé de son lit après sa blessure en arrivant sur Paris, fut marié à la fille qu'il aimait avec tous les agréments non négligeables qu'offrait la fortune de sa riche épouse, et disposa en outre d'une position respectable et enviée d'ambassadeur.



C'est un peu une parodie des illusions perduesDe Balzac en ce que Lucien, qui vient aussi d'Angoulême, se rend sans ambitions à Paris en étant totalement candide et réussit pourtant tout au travers d'un idéal amoureux porté par le vent de mille hasards favorables et tout en restant pur au milieu des floueries et des basses ambitions politiques parisiennes.



« Amour et finance » est tout de même mieux qu'un roman ordinaire fait seulement pour captiver la curiosité. L'auteur mêle la politique, la passion, la satire et l'amour avec un rythme animé et entraînant ; avec le don de raconter naturellement, sans efforts, sans artifices et glissant quelquefois des formules d'esprit charmantes et légères :



« Quand on met le pied dans la politique, il faut faire comme cet homme d'esprit qui avalait un crapaud tous les matins pour n'être plus dégoûté de rien dans le cours de la journée »



"Comme c'est agréable, dit tristement Julia, d'être placée dans l'opinion de son père juste à la hauteur d'une marchandise ! Mais, reprit-elle avec un ton qui indiquait chez cette fille une volonté énergique, il verra qu'on n'escompte pas mon coeur comme son papier. »



« Il avait trop peu d'expérience pour voir clair dans cette petite intrigue, et il était loin de se douter qu'il était le pion que Roullin faisait mouvoir à sa guise sur l'échiquier de son intérêt. »
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