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Citation de Presence


Une fois, je me promenais dans l’Acadie, une province du Canada français. C’est une belle région avec une économie sinistrée. On y comptabilise énormément de suicides, surtout des jeunes. Merci Wilfred, était écrit en blanc sur le bitume des routes, sur des banderoles, et sa photo collée derrière les vitres des maisons regardait les voitures qui passaient. Wilfred avait gagné une espèce de Star Academy canadienne. Wilfred était acadien. L’Acadie lui était reconnaissante. Un peu plus tard, dans un motel, j’apprenais que les suicides avaient baissé de 50% depuis la victoire de Wilfred. L’océan était gris noir. Il neigeait faiblement. On était en 2003 au mois de mai. En 1944, Pier Paolo Pasolini écrivait dans son carnet : En fait, leur déclin est rapide : à quinze ans, ce sont des idoles enchanteresses, ornées de pudeurs, de tendresses, de vivacités inimaginables ; à dix-huit la grâce prometteuse qui les assoiffait de vie s’est immobilisée. Et leur chère timidité a pris des teintes plus sombres et monotones : il leur reste à apaiser la curiosité de la chair et ça les rend encore vulnérables, c’est-à-dire passionnés. Mais à vingt-deux ans, les jeux sont faits : ils se rendent compte que ce qu’ils pouvaient connaître de ce doux monde, ils l’ont déjà connu ; et ils ne savent pas, dans leur déception, trouver d’autres sources d’illusions. Ils se laissent déchoir dans le cynisme du Je suis ignorant, sans bouger un doigt pour se sauver. Et, avec la maturité, ils pourront vaincre l’indifférenciation absolue de deux façons seulement : avec la gaieté de l’ivrogne ou le sérieux du bigot.
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