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Citation de Presence


Je suis né en 1942. J’avais 4 – 5 ans quand, chaque jour, dans le journal qu’achetaient mes parents, je découvrais des photos en noir et blanc qui montraient des corps nus mêlés à la noue. La découverte des charniers dus au nazisme. J’étais fasciné par ces photos, je les recopiais, j’ai appris à dessiner en partie avec elle. C’était terrible, mais j’essayais de comprendre quelque chose, comme avec les martinets plus tard. Ce n’étaient pas des cadavres, c’étaient des racines. Un enfant ne se complaît pas dans la mort. La vie toujours. Opposer la vie à la mort. Mais sans la mort, il n’y a pas de vie. Aujourd’hui, je suis vieux, je vais bientôt disparaître, et je veux vivre comme jamais. Comprendre encore et encore, en sachant que je vais mourir sans avoir bien compris. Comment dessiner l’eau qui court entre les rochers ? Qu’est-ce qu’elle veut me dire ? Dire à mon être, ma viande, mes os, mon cerveau, cet assemblage compliqué qui n’appartient qu’à moi, ce mammifère qui essaie de comprendre le torrent, et qui voudrait arriver à le dessiner pour le donner à ceux qui regarderont ce dessin. Qui n’y arrive pas. Qui n’y arrivera pas avant sa destruction, qui essaie quand même. Juste essayer. Essayer comme des milliers avant moi, des milliers aujourd’hui. Arriver à mettre sur le papier le plus possible de la vie qui est là, devant mes yeux. Pourquoi ?
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