Edmond Faral

Les jongleurs ont sans doute eu un rôle considérable au cours du moyen-âge. Ils étaient les principaux artisans d’une culture encore largement orale, qu’ils colportaient volontiers, allant de ville en ville, suivant les pèlerins le long des routes, se montrant sur un pont ou à un carrefour, à une foire, mais aussi dans les cours princières où ils recevaient de riches présents, assistant à une noce ou à un adoubement. Ils avaient mille talents : récitants aussi bien qu’auteurs d’une littérature déjà foisonnante, chanteurs, musiciens, danseurs, acrobates, et peut-être comédiens, montreurs de singes ou d’ours, etc. ils furent violemment condamnés par l’église pour laquelle ils composaient une sorte d’ engeance maudite à côtés des goliards, ces clercs vagants auxquels on prêtaient des mœurs redoutables. Il est vrai qu’on retrouvait beaucoup de ces jongleurs, aux vêtements bigarrés et parfois au langage outrancier, dans les tavernes, jouant aux dés, dépensant aussitôt ce qu’ils avaient gagné, ou bien encore en compagnie de prostituées. C’est avec une très grande érudition qu’Edmond Faral revisite non seulement une part de notre histoire mais aussi de notre imaginaire.