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Citation de Partemps


Le Désir d'un commencement II

Indatable regard.
Mémoire d'horizon.


Un bloc de glace n'est jamais qu'une quantité limitée d'eau que le froid a surpris.
Il n'a plus qu'une raison d'être; glacer à son tour.

Au seuil de la mort, ce n'est pas l'avenir de l'âme qui nous préoccupe mais le comportement du corps.

L'âme est un oiseau d'oubli aux ailes multicolores.

Que donne á voir le livre? — D'abord, la détresse de l'auteur. Puis son impudence.

Le serpent est, peut-étre, un mot tellement étiré, qu'il ne peut, désormais, que ramper sur son ombre.
Cruelle humiliation.
Inacceptable.
Son venin, cependant - Vengeance. Vengeance - le reconcilie avec la vie.


La mort, á l'oiseau, retire les organes du vol qui lui étaient nécessaires.
Si haut, devra-t-il voler dans la nuit, que ses ailes — les fréles ailes de la vie - lui sont, á présent, inútiles et, de trop, ses grands yeux ouverts et ronds.

Liens étroits rivant le néant au néant.
Rayage d'un beau revé; ó rive, deja, engloutie.
Ce qui coule avec nous, a, pour role et pour fin, de couler.
Objectivité de la perte.
Mais l'instant oppose, á l'esprit, un formel démenti.

Une possible approche de l'univers n'est qu'une sim­ple approche du possible.
Ici, l'impossible se butte á la perenne question de son inconcevabilité; question cruciale á laquelle il s'est toujours, dérobé.

À jamáis, il y aura un impossible que le possible mine.

Celui qui est bien couvert ne craint pas le froid. Ce-lui qui est nú, redoute autant les brûlures du soleil que les morsures du gel.
S'exposer, c'est d'accepter, d'avance, de payer le prix de son audace.
La parole que rien ne protege nous le ressasse mais nous ne l'écoutons plus.

Sereine vieillesse, comme un bandeau sur les yeux.
Bonté de l'áge.

Ne puise pas seulement dans l'amour ta forcé d'aimer.
Puise, également, celle-ci, dans sa royale forcé méme.

Si le monde a un sens, le livre en a un.
Mais lequel?

Passive raison. Raison des gouffres.

Mon père —je Fai, deja, écrit — á l'Etat Civil me de­clara né deux jours avant ma naissance.
Depuis, je vis aux cotes d'un autre moi-méme, de quarante-huit heures mon aíné.


Au Moyen-áge, en Espagne, sous 1'Inquisition, cer-tains «juifs repentis», que Fon désignait sous le nom de «ma-rrannes» et dont la plupart avaient accepté la conversión pour éviter le cbltiment supréme ou l'expuision, portaient, dans une poche appropriée, bien dissimulée dans la dou-blure de l'une des ampies manches de leurs vetements - en general, celle de gauche - un livre de petit formal, recueil de commentaires de la Thorah ou de priéres d'enfance.
Aussi pouvaient-ils, á chaqué occasion, tandis qu'ils fahaient humblement montre de soumission aux volontés de leurs implacables maítres, á travers l'épaisse étoffe qui le protégeait des regards, caresser, de leur main libre, le livre de leurs ancétres, réaffirmant par ce geste obscur, mais ó combien significatif, leur fidélité aux paroles de leur Dieu invisible et, maintenant, silencieux.

«Accepte les prophéties pour ce qu'elles sont — disait un sage. Il y a longtemps qu'elles ont cessé de briller.»
Et il lança la pierre qu'il tenait dans sa main contre le mur oú le narguait son ombre.

Ce philosophe estimé pensait que la vérité était moi-tié juive et moitié chrétienne.

L'absolue Vérité, n'étant jamáis que l'ambition dé-mesurée de toute Vérité, la question que l'on serait en droit de se poser, alors, est celle-ci: «Comment peut-on divisar, en deux, ce qui est toujours en devenir?»

«Avoir, pour témoin, le livre - écrivait un sage - c'est avoir l'univers entier pour répondant.»
Sauvés par le livre sauvé.

Le juif fait face au juif, comme la page du Livre á la page du Livre.
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