Il disait que c’était dans les histoires que la magie résidait. Que c’était quand on en imaginait une qui n’avait jamais été racontée qu’on lui donnait vie et qu’on lui donnait ses pouvoirs. Ses vrais pouvoirs. [...]
Moi je pense qu’il y a du vrai et de la magie dans toutes les histoires, qu’il disait. Je pense qu’on peut imaginer toi, moi, n’importe quoi, et cette histoire aura quelque chose de vrai, en fait. Quelque part, je ne sais pas chez qui ni quand, mais elle résonnera. Elle se fera la voix de ceux qui n’ont rien ou qui ne cherchent rien. Ceux qui trouvent, au détour d’une page sans vraiment savoir ce qu’ils font là, l’écho de ce dont ils avaient besoin, à cet instant. Peut-être que c’est juste une image, peut-être que c’est juste un hasard. Mais je pense que toutes les histoires ont cette magie-là. Au moins.
Qui est Ermeline Mainterre ?
Et bien tout d'abord c'est moi.. Ensuite, je pense qu'il n'y a qu'une seule réponse à cette question. Celle qui s'accorde à tous les vivants : je ne connais d'elle que ce que l'on croit savoir.
Grâce à la fille au carillon, le tonnerre du Beffroi grondera de nouveau et les Spectres fuiront devant son chant !
Je n'avais envie que d'une chose : l'enrouler dans mes couvertures et disparaître. Juste un instant. Juste le temps de pleurer, le temps de me redresser. Juste le temps d'une nuit, disparaître. Pour tout le monde.
Il appréciait les sourires et il les récoltait, comme on récolte de petits trésors.
Je l'avais espéré qu'on la pose, cette question. Qui est Ermeline Mainterre ? Qu'on y trouve une réponse. Que tous les gens sachent qui j'étais. Maintenant, je voulais qu'ils m'oublient.
J'allais la soutenir et elle me sourit. Un sourire pâle. Un sourire que l'on offre en échange de rien, juste pour montrer que l'on en est encore capable. Un sourire faux qui n'a d'autre objectif que de faire comprendre que le monde n'a plus de valeur, pour celui qui le porte.
Ça y est j’avais écarté ces levres qui étaient restées femées. J’avais laissé couler les premiers mots, les suivants se déversèrent, comme un barrage qui, se fendillant, laisserait d’abord s’écouler quelques gouttes avant de s’abandonner un flot tempétueux.
Avec ma plume à la main et ma honte au bout des doigts. Je n'avais pas envie de raconter ça.
C'était la colère, la vraie, qui tapait contre ma cage thoracique là où battait mon cœur, avant.