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Citation de AmericaLatinaLover


Les touristes adorent photographier les indigènes de l'altiplano avec leurs costumes typiques, mais ils ignorent que ces derniers leur furent imposé par Charles III à la fin du XVIII siècle. Les vêtements féminins que les Espagnols obligèrent les Indiennes à porter étaient claqués sur les costumes régionaux des paysannes d'Estrémadure, d'Andalousie et du Pays Basque, de même que la coiffure divisant les cheveux par une raie centrale fut ordonnée par le vice-roi Toledo. En revanche, l'usage de la coca ne vient pas des Espagnols puisqu'il existait déjà au temps des Incas. Il est vrai qu'on la distribuait avec mesure; le gouvernement inca en avait le monopole et ne permettait son emploi qu'à des fins rituelles ou pour les durs travaux des mines. Les Espagnols stimulèrent vivement son développement. C'était un commerce florissant. Au XVI siècle, on dépensait autant à Potosi en vêtements européens pour les oppresseurs qu'en coca pour les Indiens opprimés. Quatre cents marchands espagnols vivaient à Cuzco de son trafic; il entrait annuellement dans les mines d'argent de Potosi cent mille paniers, soit un million de kilogrammes de feuilles. L'Eglise percevait des impôts sur la drogue. L'Inca Garcilaso de la Vega nous dit dans ses Commentaires royaux que la majeure partie des rentes de l’évêque, des chanoines et autres ministres du culte à Cuzco provenait des dîmes sur la coca, et que le transport et la vente de ce produit enrichissaient beaucoup d'Espagnols.
Avec les quelques pièces de monnaie qu'ils recevaient en échange de leur travail, les Indiens achetaient des feuilles de coca au lieu de la nourriture : en les mâchant, et en abrégeant ainsi de leur propre vie, ils pouvaient mieux supporter les travaux inhumains qu'on leur imposait. Les indigènes consommaient aussi de l'eau-de-vie, et leurs maîtres se plaignaient de la propagation des "vices maléfiques". A notre époque, les indigènes de Potosi continuent de mâcher la coca pour tuer la faim et se tuer eux-mêmes, et ils se grillent encore les entrailles avec de l'alcool pur. Ce sont les revanches stériles des condamnés. Et dans les mines boliviennes, les ouvriers n'ont pas aboli le nom de mita pour désigner leur salaire.
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