– Et tu aimes notre petit village ?
– Oui… hésita Simi. Mais tout est très différent. Certaines choses sont vraiment nouvelles et étranges pour moi.
– Ça oui, murmura Bubu. Cet endroit est définitivement différent et étrange ! (Elle se tourna pour jeter un coup d’œil à la forêt derrière la maison.) Il se passe des choses à Ajao, des choses magiques.
– Dans la forêt ? demanda Simi en se souvenant de la lettre de sa mère. Elle espérait soutirer un peu plus d’informations à Bubu. La petite hocha vigoureusement la tête.
– Le lac défendu ! murmura-t-elle, avant de poser son doigt sur sa bouche et de baisser un peu plus encore la voix. Nous ne parlons pas des choses magiques après l’heure de midi. Et après quatre heures, nous ne parlons plus du tout.
Simi dut se pencher pour l’entendre.
– D’où vient cette règle ?
– C’est la règle de survie de Bubu, répondit la petite fille, tout à fait sérieuse. Et elle fonctionne ! (Elle toucha le sol de son index, puis le remonta jusqu’à ses lèvres et lécha la poussière qui s’y était logée avant de le pointer vers le ciel.) Je le jure ! Que le dieu de la foudre me frappe maintenant si je mens.
Les dieux sont ainsi. Ils sèment les destins comme le fermier sème les graines sur sa terre. Le destin de certains sera fertile, facile à cultiver et donnera des plantes vigoureuses et pleines de fruits. Celui d’autres sera plus aride, des glumes vides qui faneront et mourront.
Nous avons tous un côté spirituel. Certains plus que d’autres. Iyanla est si proche de la déesse – peut-être que c’est pour ça que, chez moi, l’intérêt pour le spirituel était plus fort. Je me suis toujours senti très proche d’Oshun. Durant toute ma vie dans le monde d’au-dessous, je n’ai jamais eu l’impression d’être à ma place. Ce monde n’est pas le mien. Je crois qu’Iyanla l’a toujours su.