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Citation de enkidu_


Les ruines de l'Égypte sont comme des pages éparses avec lesquelles on peut encore, en les rassemblant, reconstruire le livre entier, livre prodigieux dont les grandes lettres étaient des temples, dont les phrases étaient des Cités toutes ponctuées d'obélisques et de sphinx !

La division même de l'Égypte était une synthèse magique ; les noms de ses provinces correspondaient aux figures des nombres sacrés : le royaume de Sésostris se divisait en trois parties : la haute Égypte ou la Thébaïde, figure du monde céleste et patrie des extases ; la basse Égypte, symbole de la terre; et l'Égypte moyenne ou centrale, pays de la science et des hautes initiations. Chacune de ces trois parties était divisée en dix provinces appelées nomes, et placées sous la protection spéciale d'un dieu. Ces dieux, au nombre de trente, groupés trois par trois, exprimaient symboliquement toutes les conceptions du ternaire dans la décade, c'est-à-dire la triple signification naturelle, philosophique et religieuse des idées absolues attachées primitivement aux nombres. Ainsi, la triple unité ou le ternaire originel, le triple binaire ou le mirage du triangle, qui forme l'étoile de Salomon ; le triple ternaire ou l'idée tout entière sous chacun de ses trois termes ; le triple quaternaire, c'est-à-dire le nombre cyclique des révolutions astrales, etc. La géographie de l'Égypte, sous Sésostris, est donc un pantacle, c'est-à-dire un résumé symbolique de tout le dogme magique de Zoroastre, retrouvé et formulé d'une manière plus précise par Hermès.

Ainsi, la terre égyptienne était un grand livre et les enseignements de ce livre étaient répétés, traduits en peintures, en sculpture, en architecture, dans toutes les villes et dans tous les temples. Le désert même avait ses enseignements éternels, et son Verbe de pierre s'asseyait carrément sur la base des pyramides, ces limites de l'intelligence humaine, devant lesquelles médita pendant tant de siècles un sphinx colossal en s'enfonçant lentement dans le sable. Maintenant sa tête, mutilée par les âges, se dresse encore au-dessus de son tombeau, comme si elle attendait pour disparaître qu'une voix humaine vienne expliquer au monde nouveau le problème des pyramides.

L'Égypte est pour nous le berceau des sciences et de la sagesse ; car elle revêtit d'images, sinon plus riches, du moins plus exactes et plus pures que celles de l'Inde, le dogme antique du premier Zoroastre. L'art sacerdotal et l'art royal y formèrent des adeptes par l'initiation, et l'initiation ne se renferma pas dans les limites égoïstes des castes. (pp. 78-80)
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