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Citation de enkidu_


Le jacobinisme était déjà nommé avant qu'on n'eût choisi l'ancienne église des Jacobins pour y réunir les chefs de la conjuration ; ce nom vient de celui de Jacques, nom fatal et prédestiné aux révolutions. Les exterminateurs en France ont toujours été appelés les Jacques ; le philosophe dont la fatale célébrité prépara de nouvelles jacqueries et servit aux projets sanglants des conspirateurs joannites se nommait Jean-Jacques, et les moteurs occultes de la révolution française avaient juré le renversement du trône et de l'autel sur le tombeau de Jacques de Molai.

Après la mort de Louis XVI, au moment même où il venait d'expirer sous la hache de la révolution, l'homme à la longue barbe, ce juif errant du meurtre et de la vengeance, monta sur l'échafaud devant la foule épouvantée, il prit du sang royal plein ses deux mains et les secouant sur la tête du peuple, il cria d'une voix terrible : « Peuple français, je te baptise au nom de Jacques et de la liberté(1) ! »

La moitié de l’œuvre était faite, et c'était désormais contre le pape que l'armée du Temple devait diriger tous ses efforts.

La spoliation des églises, la profanation des choses sacrées, des processions dérisoires, l'inauguration du culte de la raison dans la métropole de Paris, furent le signal de cette guerre nouvelle. Le pape fut brûlé en effigie au Palais-Royal, et bientôt les armées de la république se disposèrent à marcher sur Rome.

Jacques de Molai et ses compagnons étaient peut-être des martyrs, mais leurs vengeurs ont déshonoré leur mémoire. La royauté se régénéra sur l'échafaud de Louis XVI, l'Église triompha dans la captivité de Pie VI, traîné prisonnier à Valence et mourant de fatigue et de douleurs, mais les indignes successeurs des anciens chevaliers du Temple périrent tous ensevelis dans leur funeste victoire.

(1) Prudhomme, dans son journal, rapporte autrement les paroles de cet homme. Nous tenons celles que nous donnons ici d'un vieillard qui les a entendues. (pp. 443-445)
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